Tourcoing : L'hôpital public, vache à lait de la clinique privée20/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Tourcoing : L'hôpital public, vache à lait de la clinique privée

En 1999, sous un gouvernement de gauche, le maire PS de Tourcoing et le directeur de l'Agence Régionale d'Hospitalisation, de gauche également, décidaient la fermeture de la maternité publique de Marcq-en-Baroeul, commune voisine de Tourcoing. Ils décidaient aussi le regroupement des maternités de l'hôpital et de la clinique de Tourcoing, un établissement privé, sous prétexte de la baisse des naissances de 6 à 7% en un an.

En 2001, l'hôpital signait un contrat pour la location de locaux appartenant à la clinique. Le montant du loyer était fixé par la clinique et elle se ferait aussi rembourser les travaux de construction et les taxes foncières... pendant quinze ans. Ce bail était renouvelable une fois. Au bout de quinze ou trente ans, l'hôpital pourrait alors racheter l'établissement. C'est-à-dire qu'il le paierait deux fois...

Il s'avère aujourd'hui que la clinique de Tourcoing n'était pas en 2001 en situation de signer un tel contrat, car elle n'était plus propriétaire des locaux depuis 1997 ! Une filiale du Crédit Agricole en est le véritable propriétaire. L'hôpital se trouverait donc en situation de sous-locataire sans aucun droit ! Le montage était à la limite de l'escroquerie.

L'ancienne direction de l'hôpital s'était aussi engagée à prendre en charge la moitié des frais de constitution du dossier. L'hôpital doit maintenant payer près de 240000 euros de frais d'avocat, d'architecte, de cabinet conseil et autres consultants... qui ont travaillé contre lui, pour préparer cet accord scandaleux !

De plus, le projet de l'architecte cache l'entrée de l'hôpital et la prévoit par la façade arrière, alors que la clinique, elle, a pignon sur rue. Les surfaces pour l'hôpital sont inférieures aux besoins : 19 m2 pour les chambres au lieu de 22 m2, pas de salle de réunion, pas de chambre de garde, ni de local ménage et de local biomédical ; la largeur des couloirs ne permet pas le croisement des lits ; pas de fenêtres en rez-de - chaussée, etc. Quant aux services de biologie, ils seraient assurés par la clinique, alors que l'hôpital a un laboratoire... Il faut bien servir les petits copains ! Et il faut en ménager d'autres, puisque les gardes ne seraient assurées que par les médecins de l'hôpital, les médecins de la clinique évitant ainsi la contrainte du travail des week-ends et des jours fériés.

La nouvelle direction de l'hôpital tente de faire machine arrière. Une des solutions serait que l'hôpital devienne propriétaire des terrains. Mais, dans la mesure où l'État ne donne aucun moyen supplémentaire et rend la chose encore plus difficile avec la tarification à l'activité, cela impliquerait un endettement supplémentaire, ce qui n'est pas non plus acceptable. Ce serait pourtant à l'État de donner les moyens aux hôpitaux de fonctionner.

Les propriétaires de la clinique privée n'ont aucun scrupule à tenter de prendre à la gorge le service public. Ils exigent qu'il leur serve de vache à lait, avec le soutien des autorités ! Alors il va bien falloir que le personnel et la population se fâchent pour défendre leurs intérêts, si les autorités ne le font pas.

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