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- Lutte ouvrière n°1881
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Dans les entreprises
SGPO : Sous prétexte de sécurité, des licenciements !
Quatre employés d'une société de gardiennage, la SGPO, ont été licenciés suite au refus du préfet d'accorder l'agrément de leur embauche. Trois d'entre eux étaient embauchés en CDI, le dernier travaillait depuis quatre ans sur le site par tranches de CDD de neuf mois. Tout comme une trentaine de salariés de la SGPO, ils assuraient le gardiennage de la centrale nucléaire EDF de Flamanville, dans la Manche.
En effet, depuis la loi sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003, l'embauche de personnel à des emplois privés ou publics du domaine de la souveraineté de l'État, de la sécurité, de la défense, des jeux, paris et courses ou donnant accès à des zones protégées ou bien utilisant des matériaux dangereux, peut être précédée d'enquêtes pour vérifier le comportement des personnes. La loi interdit même l'embauche dans les sociétés de gardiennage de personnes ayant commis des actes mentionnés dans le Système des infractions constatées, le STIC. Or celui-ci, mis en place depuis 1999, a été dénoncé par bien des associations comme un " gigantesque fichier de suspects ".
Une simple procédure de police suffit pour y être enregistré, que l'on soit victime ou témoin. Ainsi, une personne âgée ayant subi un vol se retrouvait fichée ; ou encore un jeune, arrêté parce qu'il fumait un " joint ", était classé dans les " mis en cause dans un trafic de stupéfiants ". Un des employés licenciés avait eu des démêlés avec la justice pour s'être battu avec les personnes qui avaient volé le scooter de son frère, ce qui lui a valu de se retrouver dans le fichier. Et c'est à ce titre qu'il est licencié quinze ans après les faits !
Devant l'émotion soulevée, le préfet est revenu sur sa décision, mais pas le patron.
En fait, les licenciements liés au refus d'agrément s'étendent à des secteurs de plus en plus nombreux. Le prétexte de la menace terroriste a déjà donné lieu à bien des licenciements et des abus sur les aéroports. Par décret du 31 juillet 2002, la préfecture de Seine-Saint-Denis a été chargée de délivrer des habilitations spécifiques devenues indispensables à la circulation dans certaines zones de l'aéroport de Roissy. Plusieurs centaines de travailleurs, notamment des entreprises sous-traitantes de celui-ci, ont été ainsi licenciés pour des fautes de jeunesse ou même des fautes qu'ils n'ont jamais commises, comme cela a été le cas d'un salarié qui avait été placé en garde à vue par erreur, tout cela étant suffisant pour une inscription au fichier du STIC.
Et pendant ce temps, les patrons qui piétinent le code du travail et méprisent les mesures de sécurité les plus élémentaires continuent à sévir dans la plus grande impunité.