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Dans les entreprises
Perrier : Chantage à la délocalisation
Les dirigeants de Nestlé Waters veulent se débarrasser de l'usine Perrier de Vergèze,dans le Gard.
La CGT a en effet bloqué, fin juillet, un plan de restructuration entraînant la suppression de 1047 postes dans les Vosges et dans le Gard.
Elle a utilisé une loi récente donnant un droit de blocage à l'organisation syndicale majoritaire sur la base des votants, et non des inscrits, aux élections professionnelles, ce qui est son cas puisqu'elle représente 55% des voix. Elle ne réclamait pourtant pas l'annulation pure et simple des suppressions de postes, mais demandait à ce que les salariés âgés, autorisés à partir en préretraite, soient remplacés à 60% au lieu de 25%.
Pas question, pour la direction du groupe !
En 1992 Nestlé, prenant le contrôle de Perrier, était devenu le leader mondial de l'eau. Et pour rester au plus haut, l'essentiel n'est pas de créer et d'innover, comme le disent les patrons, mais de bien acheter ! De 1999 à 2003, le trust a vendu, pour 22 milliards d'euros, des secteurs qui ne lui semblaient plus intéressants ; il a ainsi vendu ou fermé 63 sites industriels en Europe et une bonne trentaine d'usines aux États-Unis. Il a dépensé 60 autres milliards pour acquérir ce qui peut garantir un taux de rentabilité suffisant à ses actionnaires.
Huit cents emplois ont déjà été supprimés chez Perrier, mais cela ne suffisait pas. La direction envisageait donc d'en supprimer encore plusieurs centaines et d'externaliser des services de l'usine de Vergèze, pour que l'entreprise retrouve le niveau de productivité du reste du groupe.
Maintenant, elle dit avoir deux possibilités : soit vendre l'usine de Vergèze et, par la même occasion, retirer à la CGT sa position majoritaire dans le groupe ; soit " délocaliser " Perrier !
Évidemment, on ne voit pas bien ce que signifie " délocaliser " une source, qui se trouve bien en un endroit donné. Mais les patrons de Perrier se voient très bien " délocaliser " la marque, tout en continuant à exploiter la même source, dans le cadre d'un montage juridique. Comme quoi, le droit du profit défie toute logique autre que financière !
Le chantage à la délocalisation, que pratiquent désormais toutes les firmes, n'est qu'un prétexte pour imposer des concessions supplémentaires aux salariés. Et ceux-ci n'ont aucune raison d'accepter que les patrons sacrifient des centaines de travailleurs, simplement pour que le chiffre d'affaires de Nestlé dépasse les 57,2 milliards d'euros de l'année 2003.