La Poste-Paris 16 : " Passer comme une lettre à la poste ", une expression périmée20/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste-Paris 16 : " Passer comme une lettre à la poste ", une expression périmée

Pendant le mois de juillet, dans le 16e arrondissement de Paris, lettres et recommandés se sont accumulés et ont été distribués avec deux, trois jours voire une semaine de retard. Après l'avoir fait dans bien des bureaux parisiens, la direction de La Poste avait en effet transformé complètement la distribution du courrier à Paris 16 en mettant en place, le 5 juillet dernier, la " tournée unique ", c'est-à-dire une seule distribution quotidienne. Tout cela évidemment dans le but de supprimer des emplois, près de 150 sur les 720 existants, dont une trentaine de CDD. À Paris 16, c'est en fait la moitié des emplois de facteurs qui ont été supprimés. Le bilan est catastrophique tant pour le personnel que pour le service rendu.

Dans un courrier envoyé en juin aux usagers, la direction garantissait une meilleure qualité de service, avec la totalité du courrier et des recommandés distribuée chaque jour, y compris le samedi et, qui plus est, plus tôt dans la matinée. Elle prétendait même que cela contribuerait à améliorer les conditions de travail des postiers.

Mais si l'effectif des facteurs a été réduit de moitié, le volume de courrier est resté le même. Toute une partie du courrier n'a pu être trié et distribué le jour même. Il est resté certains jours jusqu'à près de 100000 plis, sur un total de 500000 distribués quotidiennement dans l'arrondissement ! Pour les recommandés, jusqu'à 1500 ont été en attente de distribution. Des cadres allaient jusqu'à les distribuer eux-mêmes, sans tenir compte des réexpéditions et des procurations. Les appels téléphoniques pleuvaient sur le service des réclamations, les chefs d'équipe et les bureaux de poste voisins. C'est ainsi qu'on a pu voir des cadres ou des agents se mettre à rechercher des recommandés qui s'entassaient dans des bacs, pour y trouver le pli contenant le billet d'avion pour un départ le lendemain ou les clés de la location de vacances déjà commencée.

Dans cet arrondissement cossu qui compte des ambassades, des cabinets d'avocats et des particuliers " influents ", certains ont menacé la direction de porter plainte. Quant aux réexpéditions de courrier, multiples en cette période de vacances, elles étaient enregistrées avec beaucoup de retard, ou pas du tout !

Pour les facteurs, le nombre d'immeubles qu'ils ont à desservir s'est rallongé. De grandes avenues qui auparavant étaient divisées en deux ou trois tournées n'en font plus qu'une. Ce qui veut dire plus de poids dans les caddies ou dans les sacs, sur une plus grande distance.

En juin, les postiers de Paris 16 avaient déjà fait grève contre cette réorganisation et les suppressions d'emplois. Le 15 juillet, la quasi-totalité des facteurs, auxquels s'étaient joints des agents d'autres services, ont également débrayé pendant trois heures à l'appel de la CGT.

Rappelons que cette " réorganisation " de Paris 16 s'inscrit dans un vaste plan de restructuration, avec en vue une future privatisation d'au moins une partie des services. Rien que sur Paris, 2000 suppressions d'emplois de facteurs ont été programmées entre 2003 et 2006. Au niveau national, si nous laissons faire, cinquante mille emplois de postiers auront disparu d'ici quelques années.

En attendant, à Paris 16, un certain nombre d'entre nous sont décidés à montrer que ce n'est pas avec leur accord que tout cela se passe.

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