Dans les gares : Bientôt plus facile d'acheter une cravate qu'un billet20/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dans les gares : Bientôt plus facile d'acheter une cravate qu'un billet

Privatiser les gares, augmenter le prix du billet : voici les conclusions d'une mission parlementaire sur le système ferroviaire, qui vient de publier son rapport en juillet. Elle a été menée par Hervé Mariton, député UMP. Mais Augustin Bonrepaux, député socialiste et président du Conseil général de l'Ariège, a également souscrit à ses conclusions.

La grande affaire qui préoccupe aujourd'hui les dirigeants est en effet de transformer les gares des grandes agglomérations en centres commerciaux. Une boutique installée dans la gare du Nord a son chiffre d'affaires multiplié par trois. Monoprix, Yves Rocher, Fnac, vendeurs de cravates et de parfums se bousculent donc au portillon.

La SNCF a déjà bien avancé sur ce chemin. Elle a créé une filiale, A2c, chargée de l'exploitation commerciale des gares. Et elle reconstruit toutes les grandes gares en partenariat avec des spécialistes de la distribution. À Paris, la " mezzanine banlieue " de la gare du Nord a été entièrement concédée pour quarante ans. Elle l'a été à Altarea, une société privée de gestion de centres commerciaux qui en a aussi obtenu la concession pour la future gare de l'Est. À Saint-Lazare, ainsi qu'à la gare de Lyon, c'est la société Ségécé, filiale de BNP Paribas et parmi les premiers gérants de centres commerciaux en Europe, qui a été choisie.

Évidemment, pour un voyageur, il devient beaucoup plus facile de trouver une cravate ou un produit de beauté que d'obtenir un billet ou un renseignement auprès d'un cheminot. Dans l'esprit des dirigeants et députés, ces cheminots prennent d'ailleurs encore trop de place dans les gares. Ainsi Denis Gourgouillon, directeur de l'immobilier et de l'organisation à la SNCF, le dit sans ambages : " Il est donc logique que la direction des gares, qui cherche des revenus et s'efforce d'utiliser au mieux les surfaces dont elle dispose, y mette, non pas des bureaux, mais des surfaces commerciales qui, en principe, ont un meilleur rapport financier. La politique qui consiste à vider des gares les personnels qui peuvent travailler à proximité répond au souci de mieux rentabiliser notre patrimoine immobilier. C'est le but que nous nous sommes fixé ! "

On le voit : sans même attendre une privatisation officielle, le privé a déjà, avec la complicité de la SNCF, fait main basse sur les grandes gares. D'ailleurs faudra-t-il toujours les appeler " gare ", ou bien " parc commercial " ? Quant aux petites gares des réseaux dits secondaires (mais pas secondaires pour ceux qui y vivent), c'est " Silence : on ferme ".

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