Allemagne : Début de riposte aux attaques gouvernementales20/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Début de riposte aux attaques gouvernementales

Lundi 16 août, 90000 personnes, selon la police, sont descendues dans les rues des principales villes de l'est de l'Allemagne pour protester contres les attaques du gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder, en particulier contre les chômeurs. À l'ouest, en revanche, où des manifestations étaient organisées pour la première fois dans de nombreuses villes, elles n'ont regroupé, dans la plupart des cas, que quelques centaines de personnes.

Lancé à Magdebourg le lundi 2 août, le mouvement a pris de l'ampleur le 9 août, en rassemblant déjà plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ces " manifestations du lundi " font référence à celles qui s'étaient déroulées chaque semaine à Leipzig à partir du 25 septembre 1989, puis s'étaient généralisées à toutes les villes de ce qui était encore la RDA, jusqu'à la chute du Mur de Berlin et du régime de Honecker lui-même.

C'est cette même idée qu'ont reprise des mouvements altermondialistes comme ATTAC, des associations de chômeurs, des syndicalistes, ainsi que des responsables du PDS, l'héritier du SED, l'ancien parti stalinien au pouvoir dans la RDA. Mais ce qui a déclenché la mobilisation, c'est l'arrivée, début juillet, dans les boîtes à lettres, des nouveaux formulaires de demande d'allocation de chômage, dans lesquels il faut indiquer d'innombrables renseignements sur sa " fortune " personnelle : le montant de son épargne, la superficie de son logement, etc.

En outre la publication, début août, des dernières statistiques, qui font état du plus haut niveau de chômage depuis la réunification (4,36 millions de chômeurs officiellement recensés, soit 10,5% de la population active, et plus de 20% dans certains Länder de l'Est), ont contribué à faire craindre à chacun de se retrouver un jour sur le pavé.

Or, justement, le gouvernement a concocté la mise en place d'un nouveau régime d'indemnisation des chômeurs de longue durée qui doit entrer en vigueur en janvier 2005. Appelé " Hartz IV " (du nom du conseiller de Schröder, auteur de l'idée), ce projet de loi, adopté avec l'appui de l'opposition chrétienne-démocrate, prévoit de réduire la durée du paiement des prestations de chômage de longue durée, d'en diminuer le montant et d'en durcir les conditions d'attribution. Tout cela a, bien sûr, pour objectif d'obliger les chômeurs à accepter n'importe quel travail, et donc à baisser le coût de la main-d'oeuvre.

Si les dirigeants du Parti Social-Démocrate continuent à dire qu'ils ne changeront pas de cap et à afficher, dans leurs déclarations à la télévision et dans la presse, leur mépris vis-à-vis des manifestants et des chômeurs (en particulier en répétant que l'État ne devait verser des allocations qu'aux " nécessiteux "), ils ont visiblement été surpris par ce mouvement qui est, pour l'est de l'Allemagne, le plus important depuis 1989. Et pour tenter de le désamorcer, le gouvernement s'est empressé de modifier deux mesures, particulièrement choquantes, qui étaient en discussion dans le projet de loi.

Ainsi, à l'origine, il était prévu que le montant de la nouvelle allocation serait diminué pour les parents dont les enfants détenaient plus de 750 euros d'épargne. À la suite des manifestations du 9 août, ce seuil a été augmenté à 4 100 euros par enfant. Et, du fait du changement de la date de versement des nouvelles allocations, les chômeurs de longue durée ne devaient percevoir, en 2005, que onze versements (au lieu de douze). Là aussi le gouvernement a fait machine arrière.

Ces reculs demeurent certes limités, mais ils sont tout de même à mettre au compte de la mobilisation qui a commencé à se faire jour.

Les " manifestations du lundi " vont-elles prendre de l'ampleur, notamment lorsque les vacances scolaires seront terminées dans tous les Länder, ce qui n'est pas encore le cas ? Et surtout s'étendront-elles, de façon significative, aux régions ouvrières de l'ouest de l'Allemagne (Ruhr, Sarre, région de Stuttgart, etc.) ? Le chômage y est certes moins fort qu'à l'est mais les raisons de manifester, en particulier contre les attaques contre le niveau de vie, y sont tout aussi importantes. Des protestations sont prévues à l'automne, en particulier le 3 octobre, jour de la fête nationale, et le 17 novembre, date d'un ancien jour férié supprimé il y a quelques années.

Il est à souhaiter qu'elles trouvent un écho important dans la population laborieuse car ce serait le seul moyen de faire remballer à Schröder, et à ses complices sociaux-démocrates et Verts, leurs attaques antiouvrières.

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