Le cigarettier Philip Morris, fortement soupçonné depuis une quinzaine d'années d'être complice "passif" et bénéficiaire bien actif d'un important trafic de cigarettes, vient d'obtenir en échange d'un milliard et demi de dollars (un milliard deux cents millions d'euros) l'abandon des poursuites engagées à son encontre par la Commission européenne et par dix des États membres de l'Union européenne devant la justice américaine.

L'augmentation régulière et importante des taxes frappant l'ensemble des produits dérivés du tabac n'a pas manqué de générer un important trafic de contrebande de cigarettes entre les pays où la taxation est faible vers ceux où elle est plus forte. Et les trusts du tabac ne seraient pas trop regardants en acceptant les importantes commandes d'intermédiaires en vue d'alimenter clandestinement et illégalement le marché des pays connaissant une taxation élevée. C'était le cas de Philip Morris soupçonné puis accusé d'avoir contribué à tourner quelques lois locales contraignantes pour l'organisation de ce marché. C'est pourquoi il a préféré négocier à l'amiable le règlement de cette accusation.

Lucide, un spécialiste de la lutte antitabac commentait cet arrangement: "On ne peut pas garantir que ce genre de coopération sera la bonne voie, car la contrebande s'adapte." Mais si Philip Morris est prêt à débourser à l'amiable plus d'un milliard d'euros pour éviter un procès, cela montre l'étendue des bénéfices qu'il réalise aux dépens du porte-monnaie... et de la santé des fumeurs.