IVG à domicile : Une avancée pour les femmes28/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1878.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

IVG à domicile : Une avancée pour les femmes

Désormais, les femmes désireuses de mettre un terme à une grossesse non souhaitée en prenant un médicament (l'ancien RU 486) ne seront plus contraintes de se rendre à l'hôpital mais pourront le faire lors de consultations chez un médecin de ville. Le ministre Douste-Blazy a signé un décret allant dans ce sens, vendredi 23 juillet dernier. Le texte devrait passer au Journal officiel dans la semaine et permettre un début de prise en charge dès la rentrée.

Jusqu'ici, cette technique était déjà utilisée mais la prise de la pilule devait se faire en hôpital. Sur 220000 IVG pratiquées chaque année, près du tiers le sont ainsi. Cette solution n'est possible qu'à moins de cinq semaines de grossesse, or les délais d'attente dans les centres hospitaliers limitaient la possibilité d'y avoir recours.

La prise de ce médicament chez le médecin est étroitement encadrée: cinq consultations restent obligatoires chez un gynécologue ou un généraliste: la première pour être informée des différentes méthodes contraceptives, la deuxième pour signer un consentement et le protocole de soins. C'est à la troisième que se fait la prise d'un premier comprimé et à la quatrième, deux jours après, que sont administrés les autres. C'est après cette prise-là, chez soi, que l'avortement proprement dit se déclenche et il vaut mieux que la femme ne soit pas seule à ce moment-là. La cinquième consultation enfin doit avoir lieu entre 14 et 21 jours après l'IVG pour contrôler le bon état de l'utérus.

Les généralistes ou gynécologues qui peuvent désormais pratiquer ces actes dits "à domicile" devront d'abord justifier d'une pratique régulière de ce type d'IVG dans un hôpital ou une clinique et, ensuite, avoir passé une convention avec un hôpital public ou privé afin que leurs patientes puissent y être admises à tout moment en cas de complication.

Jusqu'ici, de nombreuses cliniques privées ne pratiquaient pas d'IVG parce qu'elles n'y voyaient pas d'intérêt. Pour en augmenter la rentabilité, le décret signé par le ministre prévoit aussi une augmentation du forfait de 29%. Ainsi, il faut espérer que la recherche d'un centre hospitalier prêt à faire cette intervention sera rendue moins difficile. Et, en ce qui concerne les médecins de ville, un forfait de 191,74 euros leur sera alloué, sans dépassement possible et remboursé à 70% par la Sécurité sociale.

Cette mesure est une avancée pour les femmes qui considèrent que prendre un médicament est bien moins traumatisant que de devoir subir une intervention chirurgicale, même minime. Mais, alors que cette possibilité était inscrite dans la loi Aubry du 4 juillet 2001, il aura fallu quand même trois ans pour que l'arrêté l'autorisant soit signé, bien qu'une telle mesure réponde par ailleurs aux voeux du ministère en déchargeant les hôpitaux de ces interventions. Mais depuis le début, le RU 486 s'est heurté à l'hostilité des bigots en tout genre. Il n'en reste pas moins que cette mesure est une avancée pour les femmes, même si le Planning familial en déplore cependant encore la lourdeur, considérant que quatre consultations sont suffisantes.

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