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Editorial
Pas de trêve estivale
La période des congés qui commence ne se traduira pas, bien au contraire, par une trêve dans l'offensive du gouvernement et du patronat contre le monde du travail.
On sait ce qui est au menu.
Tout d'abord, la mainmise des capitaux privés sur EDF-GDF. Cette privatisation, car c'en est une, même si on se refuse à prononcer le mot, ne va pas se traduire par une amélioration de la qualité du service rendu à la population ni par une baisse des tarifs. Les exemples de privatisations de l'énergie qui nous viennent d'autres pays le prouvent. Les salariés d'EDF, eux, ne se font aucune illusion sur le sort qui leur est promis. Ils se défendent, avec les moyens dont ils disposent, comme d'autres catégories soumises aux appétits des puissances d'argent. Et ils ont raison. Du même coup, ils défendent les intérêts des usagers, qui n'ont rien à gagner, et pas mal à perdre, de la mainmise des milieux d'affaires sur l'énergie. Et du même coup, ils défendent d'autres services publics, telles La Poste, la SNCF menacées d'être privatisées dans un avenir proche.
On assiste aussi au pilonnage organisé par les ministres contre la loi sur les 35 heures, qui s'inscrit dans une campagne visant à faire croire que les salariés en France ne travaillent pas assez. Sarkozy vient de déclarer devant des patrons de petites et moyennes entreprises «qu'il ne fallait pas craindre de réformer les 35 heures» et «de supprimer toute majoration des heures supplémentaires». Propos destinés à cette opinion de droite qui, dans sa bêtise réactionnaire, croit que les salariés sont des fainéants. Mais, à part ceux qui en sont encore à penser que ce sont les patrons qui font vivre les salariés à ne rien faire, alors que toute personne de bon sens sait que c'est l'inverse, qui peut prendre au sérieux de telles sornettes? Pas Sarkozy en tout cas qui, lui, sait bien que la loi sur les 35 heures ne lèse en aucune façon le patronat. C'est tout le contraire, grâce à l'annualisation et à la flexibilité introduites par Martine Aubry dans sa loi, n'importe quel patron peut en réalité faire travailler ses salariés le temps qu'il veut, en payant les heures supplémentaires bien moins qu'elles ne l'étaient auparavant.
S'il y a un «coût» des 35 heures, ce n'est pas le patronat qui le paye, c'est l'État en accordant de généreuses subventions et des exonérations aux patrons pour compenser les effets d'une mesure qui ne leur coûte rien, quand elle ne leur rapporte pas! Ces subventions pèsent sur le budget de la Sécurité sociale et expliquent en grande partie le fameux «trou» dont on veut faire un épouvantail...
La réforme de la Sécu est aussi au menu de ce que mijote le gouvernement. L'annonce de l'augmentation du forfait hospitalier, la taxe d'un euro prélevée par consultation, le déremboursement de médicaments ne sont qu'un hors-d'oeuvre qui prépare une addition bien plus salée. Rien n'est encore précisé sur la façon dont le gouvernement va s'y prendre, pour imposer sa «réforme». Pour l'instant, il se contente de conditionner l'opinion, invoquant pêle-mêle le vieillissement de la population, l'augmentation des prix des soins et des médicaments, le comportement des malades et des médecins, qui mèneraient droit à la catastrophe.
Mais qu'est-ce donc que ce système, dans lequel vivre plus longtemps, pouvoir soigner des maladies contre lesquelles on était impuissant il y a quelques années, sont considérés comme des calamités!
Mais ceux qui prétendent que la Sécu coûterait trop cher omettent de dire que les laboratoires pharmaceutiques font d'immenses profits, que la Sécu paye la construction, l'entretien des hôpitaux, etc.
Ce gouvernement ne s'attaque pas seulement au monde du travail. Il organise la régression sociale pour qu'une minorité de riches s'enrichisse plus encore.
L'offensive gouvernementale est programmée. Nous, travailleurs, devrons mettre au menu de la rentrée la préparation d'une riposte des victimes annoncées de cette politique.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 5 juillet 2004