La hausse du smic hôtelier : À peine un rattrapage08/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La hausse du smic hôtelier : À peine un rattrapage

Un pré-acccord, signé entre des patrons de chaînes hôtelières et plusieurs syndicats, prévoit d'augmenter le smic de 11% dans ce secteur, et d'accorder l'équivalent d'une sixième semaine de congés payés. Malgré le côté spectaculaire de cette annonce, ces mesures, si elles entrent en application, ne feront que gommer quelques inégalités que subissent les employés des cafés, hôtels ou restaurants, où la réglementation en vigueur, tant pour les salaires que pour les horaires, est une des plus défavorables... quand elle est appliquée, ce qui est loin d'être toujours le cas.

Le «smic hôtelier», particulier à la profession, était inférieur de 5,2% au smic dit normal, du fait de la déduction des avantages en nourriture. Le maintien des repas gratuits ajouté à la hausse annuelle du smic aboutit donc à ces 11%. Quant au paiement d'une sixième semaine de congés, il ne compense même pas le fait que les horaires légaux dans ce secteur sont toujours de 39 heures hebdomadaires, et bien plus dans les faits, surtout pendant la saison touristique, avec des amplitudes contraignantes.

En outre, ces mesures ne coûteront pas bien cher aux employeurs puisque, toujours sous prétexte «d'aide à l'emploi», l'État s'engage à verser 1,5 milliard d'euros aux professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, pour contrebalancer le fait que la Commission de Bruxelles leur avait refusé une baisse de la TVA.

Ces derniers affirment en effet que ces mesures leur permettront d'embaucher les salariés qui leur manquent. Mais n'auraient-ils pas pu le faire sans l'aide de l'État? Pour prendre un exemple, le groupe Accor, qui possède 4000 hôtels, dont près de 1300 en France, du Formule1 au Sofitel en passant par la restauration sur les réseaux de la SNCF ou d'Air France, et qui déclare un chiffre d'affaires tournant autour de 7 milliards d'euros, ne pourrait donc pas payer correctement ses 20000 salariés en France, sans percevoir de l'argent public?

Comme les autres, les patrons de ce secteur prospèrent d'un côté sur les bas salaires et la surexploitation de leurs employés, et de l'autre sur l'argent public.

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