Israël : L’extrême droite s’oppose à l’évacuation de Gaza08/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : L’extrême droite s’oppose à l’évacuation de Gaza

Le gouvernement et les forces de sécurité israéliennes se disent inquiètes: elles s'attendent à des affrontements avec les colons lorsque ceux-ci devront évacuer les colonies israéliennes implantées à Gaza, ainsi que quatre d'entre elles situées en Cisjordanie.

L'extrême droite, s'appuyant sur les plus extrémistes des colons exhortés par quelques rabbins, se prépare à une «révolte civile» (blocage des routes, non-paiement des impôts, refus d'obéir aux ordres, etc.) qui pourrait devenir violente en cas d'expulsion par la force. Un rabbin a prévenu que tous ceux qui veulent brader la terre d'Israël «sont considérés comme condamnés à mort» selon la loi biblique. Ce genre de menace qui avait pesé sur Itshak Rabin (qui fut assassiné!) est brandi contre Sharon...

À Gaza les colons israéliens sont 7500 pour une population totale de 1,5 million d'habitants, soit 0,5%. Ils ont été attirés par des logements à bon marché et un certain nombre d'entre eux sont des fanatiques qui croient obéir à la loi divine en occupant la terre de leurs prétendus ancêtres que l'armée israélienne a confisquée aux Arabes.

Pour défendre cette poignée de colons au milieu d'un environnement hostile, l'armée israélienne est contrainte de déployer une débauche de moyens matériels et humains, au point que la sécurité de ces colons est mieux assurée que celle des autres habitants d'Israël.

Aujourd'hui les autorités israéliennes disent que garder les vingt et une colonies à Gaza -ainsi que les quatre colonies isolées en Cisjordanie- c'est au-dessus des moyens du pays. Elles ont donc décidé de les abandonner. Mais elles comptent bien entendu conserver la majeure partie des colonies, celles qui se trouvent en Cisjordanie du côté israélien du «mur de l'apartheid».

Sharon a tenté d'obtenir l'assentiment de la droite pour faire contrepoids au refus prévisible de l'extrême droite. Il a demandé à son parti, le Likoud, de voter son projet. Mal lui en a pris: le Likoud a voté contre Sharon, pour le maintien des colonies à Gaza, au motif que céder à Gaza, cela voulait dire à terme céder ailleurs.

96700 membres du Likoud ont voté dont 40% voulaient tout de même l'évacuation de Gaza. De toute façon ces votants ne représentent qu'une infime minorité de la population israélienne (six millions d'habitants), laquelle est majoritairement pour le plan d'évacuation. Quant aux colons de Gaza, ils ne représentent qu'une minorité bien plus infime encore.

Il serait facile à l'armée israélienne et ses puissants moyens de balayer les colonies récalcitrantes en quelques jours sinon quelques heures. S'il s'agissait de Palestiniens, l'armée ne prendrait pas de gants, et les blindés suivis des bulldozers entreraient en action.

Mais avec les colons d'extrême droite, le gouvernement est beaucoup moins expéditif. Pour les rassurer, le ministre de la Défense a annoncé que ce sera la police et non l'armée qui se chargera de l'évacuation, laquelle prendra «quelques semaines». Il est aussi question de dédommager les colons.

Le conseiller juridique du gouvernement a appelé certains rabbins extrémistes à... «modérer leurs propos».

Mais c'est le gouvernement qui est modéré face aux ultras-nationalistes et ultras-religieux. Pendant des années il a renforcé les colons et l'extrême droite, au point que lorsque Sharon veut faire un recul limité dans les colonies pour mieux garder le reste, les colons refusent et menacent quasiment Sharon de mort!

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