D'ici la fin de l'année, des grands travaux vont commencer à la gare de l'Est à Paris, pour la transformer en véritable centre commercial. Le coût de l'opération se monterait à 52 millions d'euros, dont 38 de source publique via la SNCF, et 14 de source privée via la société Altaréa.

Ainsi, pour les 26% de fonds avancés, Altaréa obtiendrait une concession de quarante ans pour l'ensemble de la surface commercialisable. C'est ce qu'on peut appeler une bonne affaire. À un moment où l'on parle du projet de privatisation des gares, voilà un exemple de la façon dont elle pourrait se faire: par des cadeaux d'autant plus beaux au privé que la plus grosse partie des travaux sera payée sur fonds publics.

Vendre des billets, accueillir et renseigner les voyageurs, ce qui est tout de même le rôle premier et essentiel d'une gare, passera après le commerce. Il est ainsi prévu de réduire drastiquement la surface consacrée à la vente et à l'accueil. La direction espère même diminuer de 30% le nombre de postes de vendeurs d'ici 2010, en supprimant des guichets et en faisant tellement attendre les usagers devant ceux qui resteraient ouverts que ces derniers feraient moins de difficultés à acheter leurs billets ailleurs et autrement.

Parmi les projets discutés, il y aurait celui d'une file unique avec un "vendeur" qui serait là pour autoriser ou non l'accès au guichet, renvoyant les usagers aux machines automatiques ou à la boutique SNCF qui se trouvera... boulevard Magenta, à quelque deux cents mètres de la gare.

Lorsque l'on sait les problèmes que rencontrent les agents de l'accueil avec des usagers excédés, très souvent à juste titre, on ne peut que plaindre par avance le pauvre vendeur.

Toujours pour gagner de la place pour les commerces, mais aussi pour obliger les voyageurs à passer systématiquement au milieu des boutiques, la salle d'attente de la voie 27 serait supprimée et celle de la voie 4 sur la sellette. Tous les locaux de repos, les vestiaires de tous les agents d'accueil seront situés sur la passerelle ou dans les sous-sols. Les bureaux, eux, vont se retrouver également à l'étage, tout cela afin de libérer des surfaces au rez-de-chaussée.

Le projet n'est pas encore finalisé, bien des choses peuvent encore changer, mais on voit tout de même de quelle manière la SNCF envisage la rénovation des gares: de grands centres commerciaux où, accessoirement, on s'occupera des voyageurs et des trains.