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Dans les entreprises
Renault direction informatique : "Pas question de se laisser brader"
Mercredi 23 juin se tenait un deuxième comité central d'entreprise de Renault (CCE) portant sur le projet "refondation" du secteur de l'informatique. Sa mise en oeuvre aurait pour conséquence l'externalisation de pans entiers de l'informatique, et depuis huit mois les salariés de la DTSI (direction informatique) manifestent leur hostilité à ce projet.
Lors du premier CCE, le 2 juin, l'ensemble des élus syndicaux avaient, au terme de quatre heures de séance, refusé de prendre part au vote et désigné un expert chargé d'étudier le projet de la direction. 500 salariés avaient tenu à être présents ce jour-là, pour faire pression sur la direction bien sûr, mais aussi sur les syndicats.
Le 23, nous étions 300 devant cette même salle. Dans les usines Renault de Cléon, Flins, Sandouville et à la Sovab des salariés de l'informatique ont débrayé. Les jours précédents, des mails avaient circulé sur le web de l'entreprise, demandant aux élus du personnel de s'en tenir de nouveau à un refus de vote.
Par ailleurs, l'avis du CCE étant strictement consultatif, accepter de participer au vote (y compris en votant contre) permet à l'employeur de mettre en route son projet.
Trois grévistes, représentant les établissements de Guyancourt, du siège social et de Saint-Quentin-en-Yvelines, s'étaient proposés pour remettre à la direction une pétition signée par près de 400 salariés et demandant le retrait du plan Corniou (nom du directeur de l'informatique). La direction refusant toute délégation, la pétition fut transmise par un élu CGT.
Avant de monter à la séance, les représentants CGT, CFDT et FO annonçaient leur intention, compte tenu des résultats de l'expertise, de refuser de prendre part au vote. Le représentant de la CGC, lui, déclarait entre autres qu'il fallait prendre en compte les "intérêts de l'entreprise" (!), et qu'il n'était pas question de se prononcer avant la séance... Aux salariés présents qui sifflaient ses propos, il lançait: "Vous pouvez toujours siffler." Le ton était donné: pour ceux qui pouvaient nourrir encore des illusions, il devenait clair que certains "représentants" syndicaux n'étaient pas prêts à refuser de voter.
La séance s'éternisant, une salariée dit au micro qu'elle est chez Renault depuis 38 ans et que pour elle il n'est pas question de se laisser brader. Des salariées extérieures à la DTSI, mais conscientes du risque de futures externalisations, se sont également exprimées. Des pancartes fleurissaient les murs: "JPC = Jamais Plus Corniou" (le nom du directeur), "JPC tu t'es vu quand t'as B.U." (Business Unit, selon le jargon de la direction)...
Au bout de quatre heures, le "verdict" tombait: CGT et CFDT avaient refusé de prendre part au vote. La CGC avait voté contre. Quant à FO, ses représentants au siège social expliquaient que les élus FO au CCE n'avaient pas suivi leur position et avaient également voté contre. La CGC se fait prendre à partie par quelques-uns et un délégué dit que l'unité syndicale en avait pris un coup mais que l'important "c'est que l'unité des travailleurs persiste".
Du fait que la CGC et FO ont participé au vote, même en votant contre, la direction a obtenu au cours de ce CCE un feu vert pour lancer son plan. Et de nombreux salariés de la DTSI expriment leur rancoeur vis-à-vis des syndicalistes qui les ont lâchés.
Pour autant, rien n'est joué. Les CCE passent, mais à la finale tout dépendra de notre détermination à continuer de refuser toute remise en cause de nos emplois et de nos salaires.
Même en période de congés nous pourrons maintenir le contact: à la direction informatique ce n'est pas un problème, la messagerie est mise à contribution! Et à la rentrée, la direction nous retrouvera sur son chemin pour nous opposer à son plan.