Budget : L'État veut supprimer 17000 postes30/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget : L'État veut supprimer 17000 postes

Le secrétaire d'État au Budget a annoncé que le projet de loi de finance pour 2005 avait pour objectif la suppression de 17000 postes de fonctionnaires de l'État. Il s'agirait de ne pas remplacer une partie des départs à la retraite qui seront 57 500 l'an prochain.

En 2003, le gouvernement avait annoncé que, pour faire des économies et réduire le déficit, il ne remplacerait plus qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais alors que de nombreuses administrations se plaignent de manquer de personnel, cela semble tout bonnement irréalisable. En 2003, sur près de 54000 départs en retraite, 1100 postes ont été supprimés. En 2004 , 4500 l'ont été alors qu'il avait été question d'en supprimer 30000! Les objectifs annoncés ne sont donc pas atteints, mais il n'en reste pas moins que le gouvernement taille de plus en plus largement dans les effectifs des fonctionnaires. Et comme il faut bien que le travail se fasse quand même, il embauche des contractuels pour boucher une partie, mais une partie seulement, des trous.

Diminuer les effectifs tout en remplaçant parallèlement des emplois stables mieux payés par des emplois précaires plus mal payés, voilà où le gouvernement veut en venir, et cela contribue à alimenter le chômage plutôt qu'à le combattre.

Ces coupes claires touchent essentiellement les ministères des Finances, de l'Intérieur, de la Justice, de l'Équipement et surtout de l'Éducation nationale qui représente à lui seul près de la moitié des effectifs de l'ensemble des fonctionnaires de l'État. Voilà d'ailleurs ce que le rapporteur a déclaré à l'occasion du débat d'orientation budgétaire: "Il va de soi que l'implication du ministère de l'Éducation nationale sera déterminante pour obtenir une inflexion majeure dans le format des effectifs publics: la France n'échappera peut-être pas à une redéfinition des enseignements."

En plaçant l'Éducation nationale en première ligne des sacrifiés, le gouvernement va, en toute connaissance de cause, aggraver encore la situation d'échec scolaire dans laquelle se trouvent des dizaines de milliers de jeunes pour lesquels le milieu familial n'a pas la possibilité de compenser les carences du système scolaire. Tout cela pour économiser quelques centaines de millions d'euros, sur un déficit budgétaire de plus de 50 milliards d'euros: en effet, si le gouvernement supprimait effectivement 17000 postes de fonctionnaires, il n'économiserait que 430 millions d'euros. Il n'en est pas moins prêt à aggraver la situation lamentable dans laquelle se trouvent bien des enseignants et à sacrifier l'avenir de générations entières de jeunes. Réduire les déficits à ce prix-là, c'est un crime!

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