Saint-Chamond (Loire) : église en rénovation:attention, danger... pour les contribuables.09/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1871.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Chamond (Loire) : église en rénovation:attention, danger... pour les contribuables.

Un périmètre de sécurité décrété en centre-ville, une vingtaine de commerces fermés, deux cents habitants évacués dans l'urgence pour une période indéterminée: quelle catastrophe frappe la ville de Saint-Chamond? L'explication vient du ciel car une des flèches de 63 mètres de hauteur, récemment rénovées, de l'église Notre-Dame menace de s'écrouler au coeur de la ville.

C'est le tout dernier épisode d'un feuilleton qui dure depuis plus de vingt ans et qui coûte fort cher aux contribuables saint-chamonais. Construite à la fin du 19e siècle, cette église, financée par des familles bourgeoises et commerçantes de la ville, n'a jamais été très solide. Les riches de l'époque voulaient bien acheter leurs places au paradis, mais à moindre prix et leur radinerie a conduit à utiliser de la pierre de mauvaise qualité. Pour eux l'église Notre-Dame ne devait pas durer l'éternité, mais seulement cent ans.

Effectivement, un siècle après, dans les années 1980, la situation devint critique et les chutes de pierres de plus en plus importantes: cela conduisit la municipalité de gauche de l'époque à ceinturer l'édifice, haut de 63 mètres, d'échafaudages loués puis achetés au prix fort. La gauche ne voulait pas décider la démolition de l'église mais n'eut pas à prendre la décision car elle fut remplacée à la mairie, en mars 1989, par la droite.

Le nouveau maire décida la rénovation de l'église sans demander l'avis de la population, malgré sa promesse de référendum. De son côté, le clergé n'était pas demandeur: il estimait avoir assez de lieux de culte par rapport au nombre de prêtres existants. C'était donc à la municipalité de prendre la décision et de payer (sans aucune subvention de l'État) la totalité de la rénovation. Depuis dix ans, un nombre imposant de millions de francs, puis d'euros, ont été engloutis dans les travaux. L'entreprise choisie avait promis un miracle au maire: d'une église en très mauvais état, on ferait une église quasiment neuve!

Une première tranche de travaux fut réceptionnée en juin 2002 mais, hélas, le miracle n'a pas eu lieu: en novembre 2002 de nouvelles fissures apparaissaient sur la première tour, qui venait d'être rénovée. La situation s'aggrava et, les mois suivants, il fallait d'urgence la ceinturer avec des câbles et des rails métalliques.

Nouveau rebondissement donc mardi 25 mai dernier: le maire recevait un rapport d'experts parlant de «risque d'effondrement imminent». Un large périmètre de sécurité était alors instauré autour de l'église avec l'évacuation de 200 personnes et la fermeture de 20 magasins pour un délai indéterminé.

Dans l'urgence, la démolition de la flèche nord a été commencée. Elle sera suivie de la démolition de l'autre flèche. Ces travaux de démolition sont estimés à 450000 euros... dans un premier temps. Tout l'argent qui a servi depuis dix ans à rénover ces flèches serait donc perdu. Le gaspillage des deniers publics continue car la rénovation du reste de l'église pourrait reprendre après la destruction des deux flèches.

Vu les sommes engagées et l'incidence de toutes ces péripéties sur les impôts locaux, on pourrait s'attendre à ce que la population soit consultée sur la suite des travaux. Ce n'est pas à l'ordre du jour.

Du côté des élus municipaux, seul le conseiller de Lutte Ouvrière a, à chaque fois, voté contre les travaux de rénovation de l'église. À droite comme à gauche on trouve naturel d'engloutir des sommes considérables dans un édifice sans caractère historique et qui est utilisé par peu de personnes.

Reste à savoir si la population laborieuse de la ville touchée par le chômage (celui-ci allant s'aggraver avec la fermeture du site de GIAT Industries), les bas salaires et les maigres pensions acceptera encore longtemps de se voir ponctionner sans rien dire.

Partager