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Leur société
Douste-Blazy contre les arrêts maladie : Mensonges contre les salariés
En mettant en place «un dispositif de lutte contre les arrêts de travail injustifiés», le ministre Douste-Blazy continue sa campagne de culpabilisation contre les salariés, préparant ainsi son plan d'économies anti-Sécurité sociale. À grand renfort de déclarations à la presse, le ministre prétend ainsi vouloir faire économiser1 milliard d'euros par an à la Sécu, sur les 5,2 milliards versés par l'Assurance maladie au titre des arrêts maladie. Et le ministre de la Santé de menacer les patients qui «abusent» des congés maladie de devoir rendre à l'Assurance-maladie les indemnités «indûment» perçues.
Les déclarations de guerre du ministre s'appuieraient sur des chiffres officiels qu'il voudrait accablants: en 5 ans, de 1997 à 2002, les dépenses d'indemnités journalières versées par la Sécurité sociale à des salariés du privé auraient augmenté de 46%, pour dépasser depuis 2002 les 5 milliards d'euros par an.
Mais il est utile de regarder ces chiffres de plus près.
Tout d'abord, les dépenses de l'Assurance-maladie liées aux accidents du travail et aux maladies professionnelles -autrement dit celles directement causées par l'inconscience des patrons, pour ne pas dire plus- ont augmenté de 60% en 5 ans et atteignent désormais 1,6 milliard d'euros par an. En fait, ces sommes devraient être encore plus importantes, car bien des entreprises se débrouillent pour ne pas déclarer tous les accidents du travail. Et la reconnaissance de la maladie professionnelle, pour bon nombre de salariés, ressemble à un parcours du combattant souvent non terminé. Ceux qui ont été victimes des industriels de l'amiante en savent quelque chose.
Mais même en dehors des accidents du travail et des maladies professionnelles, tout le monde sait qu'un grand nombre d'arrêts de travail sont directement liés... au travail. La soif du profit et de la rentabilité maximum a accru la pénibilité dans la plupart des entreprises: l'accroissement des cadences dans les usines de production et, dans les autres, l'intensification des charges de travail, ont eu partout les mêmes conséquences: fatigue, stress, accroissement des maladies du dos, des vertèbres, des muscles, etc.
Selon une enquête de l'Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail (l'Aract, organisme semi-public) menée dans l'usine Faurécia (fabricant de sièges automobiles, filiale de Peugeot) , 20% des salariés employés à la production sont touchés par «des restrictions d'aptitude». Et, le plus souvent, ces inaptitudes sont causées par des troubles musculo-squelettiques, maladies que la Sécurité sociale a désormais codifiées sous l'abréviation «TMS». Commentant ces 20% de salariés pour le moins diminués par les conditions de travail de l'usine, le DRH a estimé: «C'est un taux correct pour une usine qui a une certaine ancienneté».
Mais il n'y a pas que l'intensification du travail qui soit cause directe de la montée des arrêts de travail. Les nouvelles lois sur la retraite, celles de Juppé, puis celles de Raffarin, ont reculé pour beaucoup de travailleurs l'âge de partir à la retraite. Et certains vieux travailleurs, plus vulnérables aux pathologies lourdes (accidents cardiaques, cancers) sont encore au travail quand ces accidents tragiques se produisent.
Oui, les dépenses de l'Assurance maladie ne cessent d'augmenter. Mais pas à cause de la prétendue fraude des salariés. Ce n'est pas aux travailleurs qu'il faut s'attaquer pour leur reprocher leurs arrêts de travail justifiés. C'est aux patrons qu'il faut imposer des conditions de travail respectueuses de la vie et de la santé des salariés.