EDF-GDF: après la manifestation du 27 mai... et avant celle du 15 juin : La démobilisation des fédérations syndicales03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Dans les entreprises

EDF-GDF: après la manifestation du 27 mai... et avant celle du 15 juin : La démobilisation des fédérations syndicales

La journée de grève avec manifestation nationale d'EDF-GDF, le 27 mai, a été un succès. Il y avait plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la rue: 80000 selon les dirigeants syndicaux, 40000 selon la police, de toute façon beaucoup de monde.

Le changement de statut des entreprises EDF et GDF qui doivent devenir des sociétés anonymes et non plus des entreprises d'État, cela ne passe manifestement pas parmi le personnel. On ne trouve personne, ou quasiment personne parmi les salariés de base pour y être favorable, et même l'encadrement est très réservé.

Pourtant, au fil des journées de grève, il semble que la mobilisation aille petit à petit en diminuant. Le maximum a sans doute été atteint le 3 octobre 2002, qui pour les employés d'EDF et GDF est encore dans toutes les mémoires. Déjà le 8 avril dernier cela semblait en retrait, et à nouveau le 27 mai. Car les fédérations syndicales, et en premier lieu la CGT majoritaire à elle seule, "gèrent" le mécontentement en limitant la portée du mouvement.

Rappelons tout d'abord que fin 2002 et début 2003, la CGT appelait à la signature du nouveau régime des retraites, baptisé hypocritement "relevé de conclusions" pour éviter de dire qu'il s'agissait d'un accord. C'est parce que les agents se sont prononcés majoritairement contre que la CGT a refusé de signer ce texte qu'elle soutenait jusque-là.

Mais le mal était fait, et pour bien des salariés et des syndiqués, la CGT s'est alors complètement déconsidérée. Par la suite au congrès de la CGT, le secrétaire fédéral, arrivé au terme de son mandat, a été remplacé par son dauphin. La nouvelle direction a adopté un langage plus combatif. C'est elle, avec la quasi-totalité des autres syndicats, qui organise des nouvelles journées: 8 avril, 27 mai et bientôt 15 juin. Mais entre ces journées le nouveau secrétaire CGT Imbrecht a eu beau déclarer que "les salariés doivent être dans l'action tous les jours, dès maintenant", en fait la direction de la CGT ne propose aucune perspective réelle.

Certes une lutte véritable ne se décrète pas et une grève générale ne se fait pas en appuyant sur un bouton. Mais le personnel serait très probablement prêt à se battre pour empêcher le projet de la direction et du gouvernement, à condition qu'il sente chez les dirigeants syndicaux une volonté réelle de mener la lutte et pas de la dilluer journée d'action après journée d'action, même si elle sont qualifiés de "réussies".

Un dirigeant syndical CFTC, cité par Le Monde, déclarait: "le risque d'un conflit dur et incontrôlé existe. Les fédérations essayent de contrôler le mouvement , mais elles doivent être suffisamment radicales et écouter ce que disent les agents". On ne saurait mieux résumer leur position. Pour eux "un conflit dur", c'est "un risque". Mais quel autre choix ont les salariés d'EDF et GDF s'ils veulent éviter le changement de statut de leurs entreprises, prélude à leur propre changement de statut? Derrière l'ouverture du capital au secteur privé il y a la fin, déjà annoncée, de leur régime de retraite et petit à petit un grand nombre de leurs droits seront sacrifiés. S'ils ne se battent pas, leurs adversaires, eux, avanceront pas à pas.

Il faut donc souhaiter que parmi les travailleurs certains entament un mouvement qui entraînerait les autres. Ceux qui ont manifesté le 3 octobre 2002 et qui sont passés par-dessus les fédérations syndicales lors du référendum sur le relevé de conclusions sont pour la plupart toujours là. Il faudra qu'une grève sérieuse démarre pour qu'elle brise les digues syndicales.

Aujourd'hui c'est souvent la résignation et le fatalisme qui prédominent. Mais il ne faudrait pas grand-chose pour que l'espoir et la combativité reviennent.

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