EADS (ex-Aérospatiale) Les Mureaux (Yvelines) : 130 lettres de licenciement03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Dans les entreprises

EADS (ex-Aérospatiale) Les Mureaux (Yvelines) : 130 lettres de licenciement

À l'usine EADS des Mureaux (1800 salariés), 130 lettres de licenciement sont tombées le 14 mai dernier. Cela, à la suite de 219 suppressions de postes notifiées au mois de janvier.

Il y a treize licenciements secs. Un seul des licenciés a moins de 30 ans, deux ont entre 40 et 50 ans et dix ont de 50 à 54 ans. Parmi ces derniers, deux sont handicapés et deux en longue maladie. La plupart sont des ouvriers et tous ont de petits salaires.

Tous les autres licenciés ont plus de 55 ans. EADS leur versera ce qu'il ose appeler une "rente" jusqu'à la retraite, qui varie de 40 à 65% du salaire, le taux dépendant du nombre d'années qui reste à cotiser jusqu'au droit à la retraite entière.

Ce plan tombe alors que les charges de travail pèsent de plus en plus sur les travailleurs. Et, comble d'hypocrisie et de cynisme, la semaine précédant l'annonce des licenciements, EADS se targuait d'un bénéfice pour le premier trimestre 2004 en hausse de 75% par rapport à la même période de 2003!

Les salariés des Mureaux sont évidemment choqués et écoeurés, d'autant que tous sont persuadés que cela ne va pas s'arrêter là.

Du côté des dirigeants syndicaux, tous ont approuvé, avec plus ou moins de réserve, le plan de licenciements. En dehors d'un débrayage d'une heure au mois de décembre, appelé par les militants locaux de la CGT et de la CFDT, aucune riposte n'a été organisée.

La direction de FO, qui réclamait "zéro licenciement", incitait dans le même temps à ne pas "rompre le dialogue avec la direction" et fustigeait ceux qui osaient protester.

La CFTC, elle, a osé écrire: "certains salariés attendent leur licenciement pour trouver le travail de leur rêve et mieux rebondir"... Quant à la CGC, ce n'était pas mieux: elle s'en est prise aux futurs licenciés qui "refusaient des entretiens d'embauche". Le fait que ces entretiens aient lieu à Marignane, à Toulouse ou autres destinations, ne la gênait pas.

Dans cette situation, et pour que les méfaits de la direction et la complicité de certains dirigeants syndicaux ne soient pas passés sous silence, les salariés ont créé un collectif, soutenu par la CGT locale et des militants CFDT. Ses objectifs étaient de créer un lieu de protestation, de rencontre et de discussion pour les futurs licenciés et de faire connaître leur situation à l'intérieur et à l'extérieur de l'usine.

Le "collectif des nominés d'EADS" comme il s'est appelé, a tenu une permanence trois fois par semaine depuis le mois de janvier dans une salle de la mairie des Mureaux, le Comité d'entreprise ayant refusé de prêter une de ses salles.

Quelque soixante-dix "nominés" et "non-nominés" sont venus à ces permanences chercher des renseignements, proposer leur aide ou juste discuter et ne pas se sentir isolés.

Chaque semaine, le collectif a distribué un tract à la porte et reçu des témoignages chaleureux de solidarité. Plusieurs articles sont aussi parus dans la presse locale.

Sans doute le "collectif des nominés d'EADS" n'a pu éviter des licenciements ni entraîner les travailleurs dans une protestation plus ample, ce qui faisait partie de ses espoirs. Mais il a décidé de continuer les permanences, de s'exprimer par tracts et communiqués de presse, tout en aidant de son mieux dans les procès en Prud'hommes qui vont suivre.

Tant pis si tout cela contrarie la direction, qui comptait bien faire ses sales coups en douce!

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