Delifrance Béthune (Pas-de-Calais) : Un pain dans la figure de la direction03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Dans les entreprises

Delifrance Béthune (Pas-de-Calais) : Un pain dans la figure de la direction

Délifrance, filiale des Moulins de Paris, près de Béthune (Pas-de-Calais), emploie 175 salariés dont la moitié sont des femmes, surtout sur les chaînes, et fabrique des viennoiseries, croissants, pains au chocolat... en surgelés. Ici comme ailleurs, nous sommes nombreux à en avoir assez d'être roulés dans la farine du profit.

La direction ne cesse de moderniser, d'installer des machines plus automatisées, pour supprimer des postes de travail et augmenter la productivité. Depuis 2000, 40 intérimaires sur 70 ont été renvoyés. Quant à la production, elle a augmenté sur certains produits de 41% et même de 73%: certaines d'entre nous sont passées par exemple de 13864 produits par jour à 24928.

Et ce n'est pas parce que nos machines sont plus sophistiquées que les conditions de travail sont moins dures, surtout au Façonnage et à l'Emballage, là où les salaires sont très bas. Au Façonnage, nous tordons toujours les bouts des croissants à la main (1422 croissants à l'heure) et ces gestes répétitifs nous usent. Il y a plus d'arrêts maladie et les accidents avec arrêt de plus de deux semaines ont aussi augmenté.

Bref, travailler dans cette boîte, ce n'est pas du gâteau, et début mai, nous avons été nombreuses à signer une pétition pour dénoncer les cadences toujours plus élevées et réclamer 150 euros d'augmentation. Et lorsque le mardi 11 mai, lors des négociations salariales, la direction nous a répondu avec mépris que ce n'était pas de son ressort, qu'il fallait voir avec la direction de Paris, nous avons débrayé immédiatement pendant deux heures avec environ la moitié de ceux d'entre nous qui sont sur chaîne, surtout les femmes du façonnage et de l'emballage, et nous avons convaincu les autres équipes de faire de même. Les débrayages ont duré jusqu'au vendredi dans toutes les équipes.

Le vendredi 14 mai, la direction a cédé une augmentation de salaire de 39 euros brut pour les bas salaires, le paiement des heures de débrayage et une prime de 50 euros pour l'ensemble du personnel.

Comme il n'y avait eu aucun coup de colère dans l'usine depuis 1993 (suite à un plan social), la direction a été surprise et a cédé. Mais elle peut donner bien plus !

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