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Dans le monde
Irak : Bush dans l'engrenage de l'intervention militaire
C'est un Bush au menton éraflé par une chute à vélo qui est venu présenter aux téléspectateurs américains les orientations de la politique américaine en Irak. Il n'y a pas que les vélos qui chutent, sa cote de popularité est, elle aussi, au plus bas, à 45%. L'administration Bush tente d'effacer l'impopularité grandissante à son égard. Amplement méritée, cette impopularité est provoquée par les tortures pratiquées par l'armée américaine et par l'enlisement des troupes embarquées dans une guerre à laquelle ils ne s'attendaient pas.
En parlant à la télé de l'avenir de l'Irak, un avenir passablement bouché, Bush tente de faire oublier un présent pouvant lui faire connaître le même sort qu'à son père. Celui-ci, bien que vainqueur en 1991 de la première guerre contre l'Irak, fut battu à l'élection présidentielle suivante.
Plus d'un an après leur entrée triomphale à Bagdad, les troupes américaines sont confrontées à une guerre ouverte qui mobilise contre eux différents groupes d'opposition armés. Les représailles de l'armée américaine, au lieu de faire taire les opposants, font naître au contraire des vocations et renforcent le crédit de ces groupes auprès d'une population exaspérée par l'occupation. Les principaux bénéficiaires en sont les chefs religieux, chiites ou sunnites, tout concurrents qu'ils soient.
En étant incapables de satisfaire les besoins élémentaires de la population en eau, en nourriture, en médicaments, les États-Unis ont obtenu l'effet inverse de ce qu'ils disaient vouloir attendre, après que la dictature de Saddam Hussein eut été renversée.
Et plus encore, depuis des semaines, les autorités américaines se trouvent placées en situation non pas d'alléger leur présence militaire, alors que le 30 juin elles devaient remettre le pouvoir aux autorités irakiennes, mais au contraire de devoir justifier un renforcement de leur présence armée. Bush se retrouve donc face à un dilemme: soit rester en Irak, et prendre le risque que l'opinion américaine se détache de son administration, soit quitter l'Irak, et laisser au Proche-Orient un chaos bien pire pour les puissances impérialistes que la situation antérieure à l'occupation militaire.
C'est pourquoi, depuis quelques jours, les déclarations des dirigeants américains se multiplient sur le mode "On reste, on reste pas"... disant à la fois que le futur gouvernement de Bagdad aura son mot à dire sur l'armée et la police, tout en envisageant de placer l'armée irakienne sous direction américaine.
Mais même si Bush finissait par récolter sur le plan électoral les fruits amers de sa politique, ce ne serait rien encore à côté du prix -celui du sang- payé par la population irakienne.