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Dans les entreprises
Ile de la Réunion : Après la grève du bâtiment
Après neuf jours de grève, les ouvriers du Bâtiment ont repris le travail le lundi 17 mai. C'est le refus des patrons de signer une nouvelle convention collective accordant les mêmes primes de panier, de transport et de trajet aux huit mille travailleurs en "contrat de chantier" (sur les quatorze mille salariés que compte le secteur) qui a été l'élément déclencheur de ce mouvement.
La détermination des ouvriers a été forte dans les grosses entreprises. Ils ont fait le tour des petites entreprises et des chantiers pour les faire débrayer. Au bout de quelques jours, 80% des ouvriers étaient en grève, et cela a suffi pour obliger le patronat à renégocier devant la direction du Travail.
Une avancée a été obtenue avec la reconnaissance de l'attribution de la prime de panier pour ce qu'on appelle la "zone zéro", qui correspond à la commune où se situe le lieu d'embauche. Jusqu'à présent, les travailleurs employés sur des chantiers dans cette zone ne touchaient rien. Par un système de calcul compliqué des primes, les travailleurs précaires ont été défavorisés sans que cela ait semblé gêner les syndicats CFDT, FO et CFTC. D'ailleurs, le problème de la précarité imposée par les patrons aux ouvriers du BTP n'a pas été posé lors de cette grève, alors que certains travailleurs en "contrat de chantier" le sont depuis treize ans!
Les employeurs sont aussi parvenus à changer le mode d'indexation des primes. Jusqu'à présent il se faisait sur la grille de salaire du BTP-Réunion. Dorénavant, et toujours avec l'accord de la CFDT, de FO et de la CFTC, il se fera sur la base de l'indice de l'INSEE, moins favorable.
En ce qui concerne la prime de trajet (indemnisation du temps passé en dehors du temps de travail effectif à se rendre du siège de son entreprise à son lieu de travail), le système d'indemnisation a lui aussi été changé de façon défavorable pour les travailleurs.
Eh bien, au lieu d'éclairer les travailleurs sur les reculs que voulait leur imposer le patronat, ces trois syndicats se sont empressés d'aller signer le 14 mai au soir, en dehors de tout contrôle des grévistes, un accord situé en deçà même des engagements du patronat en décembre 2003. Seuls les représentants de la CGTR ont, à juste titre, refusé.
Malgré tout, pendant deux semaines, les ouvriers du BTP ont fait parler d'eux, les travailleurs permanents en particulier, qui ont montré leur solidarité envers les plus exploités. Ils ont dit qu'ils n'admettaient pas qu'à travail égal ne s'applique pas le principe de salaire égal. Et pour cela ils ont eu la sympathie de la majorité des travailleurs de la Réunion.
Et même si l'application de ce principe est différée, même si les patrons sont parvenus à récupérer une partie de leurs concessions en changeant de mode d'indexation, le combat va continuer. Il faut aussi signaler que, grâce à cette grève, les salaires du BTP augmenteront de 2,7% pour les salariés faisant trente-cinq heures et de 5% pour ceux faisant trente-neuf heures.