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- Lutte ouvrière n°1869
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Dans les entreprises
Alstom(Saint-Nazaire) - Accident de la passerelle du "Queen-Mary 2" : Les responsabilités patronales
Six mois se sont écoulés depuis l'effondrement d'une passerelle d'embarquement du Queen-Mary 2 qui a coûté la vie à 15 personnes. Cette passerelle avait brutalement cédé et entraîné 48 personnes dans sa chute en fond de cale. Le procureur du tribunal de Saint-Nazaire vient de rendre publiques les conclusions de l'expertise qu'il avait commandée.
Ces conclusions mettent en cause la conception de cette passerelle de 15 mètres de portée dont la construction avait été entreprise sans étude préalable, sans calcul et sans plan. L'absence de contreventements, pièces qui doivent assurer la rigidité de la construction, serait la cause directe de l'accident.
L'ensemble des échafaudages à bord du navire avaient été sous-traités à la société Endel et c'est de ce côté que la justice semble rechercher l'essentiel des responsabilités.
Que cette société, filiale du groupe Suez, spécialisée dans la conception et le montage d'échafaudages, ne se soit pas donné les moyens d'étudier et de calculer la résistance d'une passerelle empruntée chaque jour par des centaines de travailleurs, c'est réellement criminel. Mais cela ne fait que souligner la responsabilité principale du donneur d'ordre, Alstom-Chantiers de l'Atlantique.
Toutes les grandes entreprises, et plus particulièrement l'Alstom, filialisent et sous-traitent une part de plus en plus importante de leur activité, imposant à leurs filiales et sous-traitants des marchés de plus en plus serrés.
Par ce biais, elles se débarrassent du minimum de garanties collectives que possèdent encore les travailleurs des grandes entreprises, elles obtiennent des réductions importantes des coûts du travail, une flexibilité croissante, une pression toujours plus importante sur les délais, des divisions entre travailleurs aux statuts très variés, et font reposer une énorme partie des risques, tant financiers que de sécurité et de santé des travailleurs, sur des entreprises aux contours mal définis pour certaines.
C'est ainsi, par exemple, que malgré leur lutte courant 2003, plusieurs dizaines de salariés grecs et roumains n'ont toujours pas touché le salaire de plusieurs mois de travail qu'ils avaient effectué pour Alstom.
De la même manière, plusieurs milliers de travailleurs intérimaires et sous-traitants qui ont parfois subi des semaines de 50 heures et plus l'an dernier se retrouvent aujourd'hui au chômage.
Dans le même esprit, les Chantiers de l'Atlantique, c'est-à-dire Alstom, voudraient se dédouaner de leurs responsabilités dans l'installation d'éléments de sécurité collective comme cette passerelle d'embarquement qu'ils ne sont même pas donné la peine de vérifier et contrôler eux-mêmes. Ce qui aurait été la moindre des choses!