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- Lutte ouvrière n°1868
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Vallourec (Laigneville - Oise) : Les travailleurs en lutte pour garantir leur avenir
Jeudi 13 mai, une soixantaine d'ouvriers de l'usine Vallourec de Laigneville dans l'Oise, qui regroupe au total 117 personnes et est menacée de fermeture, s'installaient pendant plusieurs heures dans l'usine Vallourec de Vitry-le-François dans la Haute-Marne, avec l'appui des salariés de cette usine, pour protester contre le mépris avec lequel la direction générale du groupe les traite.
Numéro 1 mondial de la fabrication de tubes d'acier, Vallourec compte 17000 salariés et son chiffre d'affaires dépasse les 2,5 milliards d'euros. Le groupe est bénéficiaire, le prix de ses actions en Bourse augmente régulièrement (de plus de 50% de février 2003 à février 2004), ce qui a accru en passant la fortune de Bolloré et de son groupe qui est un des principaux actionnaires. Mais pour accroître encore plus ses profits le groupe a décidé de sacrifier les salariés de l'usine de Laigneville.
La direction générale a froidement déclaré qu'elle n'avait aucun problème de surproduction mais qu'elle voulait simplement se préparer à une éventuelle baisse d'activité en 2005. Il s'agit de transférer la production actuelle dans les autres usines Vallourec aptes à absorber, sans effectifs supplémentaires, la production de l'usine de Laigneville.
À l'appel de la CGT, les ouvriers ont manifesté à plusieurs reprises contre le sort qui leur était réservé. Laigneville est au coeur du bassin creillois où les licenciements et les menaces se sont multipliés dans la dernière période. Les seules propositions de la direction consistent en un plan de reclassement pour 80 salariés... à plusieurs centaines de kilomètres, dans l'Yonne à Saint-Florentin, dans la Haute-Marne à Vitry-le-François, ou encore à Rouen ou dans le Nord. À part quelques-uns, l'immense majorité du personnel ne veut pas tenter cette aventure. Beaucoup ont fait construire, leur compagne travaille et en plus ce reclassement est sans garantie pour l'avenir. D'ici un an ou deux le même ort pourrait leur être promis.
Les travailleurs exigent des garanties pour ne pas se retrouver à l'ANPE et continuer à travailler dans la région, et le dédommagement du préjudice subi qu'ils ont chiffré à 65000 euros.
Le mardi 11 mai les délégués remettaient un ultimatum dans ce sens à la direction. Le 13 mai une soixantaine d'ouvriers décidés venaient à Reims appuyer une délégation pour des discussions, que les représentants de Vallourec, avec arrogance, refusèrent d'ouvrir. Du coup, les ouvriers remontèrent en voiture et se rendirent à l'usine de Vitry-le-François, à quelques dizaines de kilomètres. Des dizaines de gendarmes et de policiers étaient stationnés devant l'usine, avec des ouvriers de l'équipe d'après-midi empêchés de rentrer par la direction. Nullement impressionnés, les travailleurs de Laigneville ouvrirent la porte, qui n'était pas verrouillée, et défilèrent dans l'usine mise à l'arrêt par la direction, très bien accueillis par les 600 travailleurs qui comprenaient très bien leur lutte, et surtout les salariés intérimaires à qui ils expliquèrent justement qu'ils ne voulaient pas leur prendre leur travail et les envoyer au chômage. Ils restèrent plusieurs heures sur place sans que la production ne redémarre.
La direction Vallourec qui agresse ses salariés en menaçant de les précipiter vers la misère, eux et leur famille, s'est présentée comme victime face à la presse. Mais les travailleurs de Vitry-le- François ont montré de quel côté ils étaient, les travailleurs de Laigneville, quant à eux, sont regonflés et prêts à continuer leur action. D'ailleurs, malgré ses rodomontades, la direction générale en a rabaissé. Lors de la séance suivante, les délégués ont vu apparaître une nouvelle ligne sur les indemnisations des salariés qui refuseraient d'aller dans les autres usines.
En tout cas, les ouvriers de Vallourec-Laigneville sont décidés à continuer leur combat pour être traités dignement.