Lors du Comité d'établissement de la division Power de l'usine Alstom, à La Courneuve, le13 mai, la direction a annoncé le nombre d'emplois qu'elle entend maintenir à l'atelier-est, concerné par une partie des 291 suppressions de postes programmées par Alstom, sur le site, pour le mois qui vient.

Elle ne s'engage à conserver que quinze emplois sur les cent que compte aujourd'hui l'atelier! On est loin des "promesses" de fin de grève d'il y a à peine un mois, grève qui, rappelons-le, a duré sept semaines du 8 mars au 23 avril! La direction parlait alors de faire un "pôle d'excellence" du service après-vente, ce qui permettrait plus de reclassements que prévus.

Et elle exige des travailleurs de cet atelier qu'ils terminent les encours au plus vite, leur refusant la prime qu'ils réclament parce que, dit-elle, elle "ne joue pas au poker menteur et veut voir avant de payer". Et nous donc!

Alors vendredi 14, une quarantaine de travailleurs de l'atelier ont pris le coup de sang. Ils ont roulé une forge de 200 kilos dans les rues de l'usine, la déposant devant la porte du bâtiment de la direction et ont envahi le bureau du DRH pendant deux heures et demie. Et les cris ont fusé: "Voilà ce que je veux, (150000 euros était inscrit sur une feuille) est-ce que tu me le donnes?", "Vous avez de la chance d'avoir affaire à nous, si vous aviez affaire à nos femmes, vous verriez un peu!", "Les agriculteurs, on les touche à peine qu'ils cassent tout, c'est cela que les travailleurs devraient faire eux aussi". À plusieurs, ils ont tapé du poing sur la table au sens propre du terme et le DRH n'en menait pas large.

Lundi 17 se tenait le Comité d'établissement d'un autre établissement du site, Alstom-Services, qui a reçu lui aussi la visite de la même quarantaine de travailleurs pendant trois quarts d'heure. La direction de Services leur a confirmé les propos tenus au CE du 13 mai et le DRH d'Alstom-Power n'en a pas moins répété qu'il trouverait une solution pour tout le monde. Il a maintenant un surnom: "menteur".

Mardi 18 mai, la direction réunissait la maîtrise. Les travailleurs l'ayant su, les quinze de l'équipe du soir s'y sont invités. Cette réunion était destinée à discuter de la remise des lettres annonçant leur suppression d'emploi aux salariés concernés. Aucun des agents de maîtrise et des ingénieurs présents n'a accepté de faire cette sale besogne. Les directeurs de Services vont devoir "aller au charbon" eux-mêmes, souhaitons-leur bien du plaisir!