- Accueil
- Lutte ouvrière n°1867
- Détournements de fonds à l'arsenal de Toulon : Quand l'armée dépense sans compter
Leur société
Détournements de fonds à l'arsenal de Toulon : Quand l'armée dépense sans compter
Soixante-douze personnes, 44 généraux et officiers supérieurs de l'armement ainsi que 28 chefs d'entreprises varoises, comparaissent devant le tribunal de Marseille dans le cadre d'une escroquerie organisée à partir de l'arsenal de Toulon. On retrouve notamment sur le banc des accusés Jean-Yves Helmer, délégué général de l'armement de 1996 à 2001 et, à ce titre, numéro trois dans l'organigramme du ministère de la Défense.
Entre 1994 et 1998, les accusés auraient détourné 32millions d'euros. La fraude portait principalement sur le prêt illégal de main-d'oeuvre. Jusqu'à 1200 employés de sociétés privées auraient ainsi été recrutés illégalement par la Direction des constructions navales (DCN); et si ce personnel était souvent payé au Smic, son travail était en revanche facturé à des tarifs prohibitifs à la DCN (jusqu'à 33,50 euros de l'heure pour du secrétariat, au lieu de 13 facturés couramment à l'époque par des entreprises d'intérim). La pratique de la surfacturation était d'ailleurs chose courante; l'enquête cite par exemple, des photocopies payées jusqu'à 19,80 euros l'unité !
Les sociétés privées ont été les principales bénéficiaires de ces détournements. Elles ont profité de la complicité active ou passive des dirigeants de la DCN qu'elles arrosaient largement en retour. Que ces magouilles aient pu durer des années sans que personne ne s'en rende compte au ministère de la Défense n'a rien d'étonnant car l'armée jongle avec un énorme budget, dans lequel piochent, officiellement ou pas, nombre d'entreprises qui n'hésitent pas à surfacturer leurs fournitures ou leurs services. Et l'État paie sans rechigner, même lorsque les devis sont multipliés par deux ou trois, comme pour la construction des "Rafale" ou du porte-avions Charles-de-Gaulle.