Union européenne : Quel élargissement ?06/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Union européenne : Quel élargissement ?

Arlette Laguiller est intervenue en séance plénière au Parlement européen, le 4 mai, sur la question de l'élargissement. Voici le texte de son intervention.

L'appartenance à l'Europe des dix pays nouvellement intégrés est une telle évidence que leur admission à l'Union européenne aurait dû aller de soi. Comme devrait aller de soi l'admission de tous les pays, une grande partie de l'Europe, qui n'en font aujourd'hui pas partie. De plus, je considère injuste de s'opposer a priori à l'admission de la Turquie pour des raisons religieuses, alors que d'autres, ici, se comportent en porte-parole d'un intégrisme catholique qui s'oppose au droit des femmes.

Alors, je me réjouirais sans réserve de l'assouplissement des frontières à l'intérieur de l'Union, s'il n'avait pour contre-partie le renforcement des frontières vers l'extérieur, alors que ces frontières coupent des peuples en deux. L'Union européenne devra imposer le respect des droits de toutes les minorités.

Je me réjouirais de l'élargissement de l'Union européenne s'il ne portait les stigmates d'une construction européenne, guidée non par l'intérêt des peuples, mais par la préoccupation d'assurer la circulation des capitaux et des marchandises.

Les nouveaux pays sont intégrés non pas en égaux mais en pays dominés. Leur économie est déjà sous la coupe des grands groupes industriels et financiers de l'ouest de l'Europe. Intégrés dans l'Union, ils sont considérés comme membres de seconde zone. La discussion sur la future Constitution européenne tourne, pour une large part, autour de l'idée de donner à cette situation un fondement constitutionnel.

Et, aujourd'hui, il est particulièrement choquant que soient restreints les droits des ressortissants des dix pays nouvellement intégrés, droit de circuler, de s'installer et de travailler n'importe où dans l'Union européenne.

Ce qui est pour moi le plus riche d'espoir dans la construction européenne, c'est qu'elle réunit dans un même ensemble quelque 200 millions de travailleurs d'Europe en activité ou au chômage. Je souhaite qu'au fil du temps et au fil surtout des combats sociaux, ces travailleurs parviennent à la conscience que leurs intérêts fondamentaux sont les mêmes par-delà les frontières. Ils pourront alors imposer cette Europe sociale dont on ne fait que parler aujourd'hui alors que l'Europe du grand capital, elle, est bien réelle.

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