Troisième semaine de grève à la Claire Fontaine (La Rochelle)06/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Troisième semaine de grève à la Claire Fontaine (La Rochelle)

À la maison de retraite de la Claire Fontaine de La Rochelle, nous sommes en grève depuis le 14 avril.

Nous sommes en sous-effectif depuis longtemps. Depuis l'arrivée d'une nouvelle directrice, la situation s'est aggravée: départs en maladie ou en congés non remplacés, glissements de tâches (on est envoyées du ménage aux soins ou encore on fait les toilettes tout en servant le petit déjeuner), insultes de la direction au personnel. On ne compte plus les collègues que l'on croise en larmes et qu'il faut réconforter.

Aussi, nous avions décidé fin mars de présenter une liste CGT aux élections de délégués du personnel.

La direction a eu vent des noms de la liste CGT et, trois jours après, une première lettre de mise à pied tombait, qui sera suivie de quatre autres. Aujourd'hui, deux membres de la liste sont licenciés et trois autres en attente. Officiellement, ils sont sanctionnés pour «faute grave»: utilisation d'une lingette de la mauvaise couleur pour nettoyer la cuisine, manque de respect, ou encore avoir tourné le dos à la directrice en soupirant (alors que celle-ci nous piste toute la journée). Une autre auxiliaire de vie a été licenciée, officiellement pour n'avoir pas vérifié un pilulier (c'est pourtant un travail d'infirmière).

Ces licenciements ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Nous nous sommes mises en grève à une trentaine d'auxiliaires de vie sur 47 et nous tenons bon depuis le 14 avril. Nous faisons grève pour notre dignité, pour la réintégration des licenciés, pour avoir des effectifs pour s'occuper correctement des résidents et pour les salaires (nous gagnons 930 euros, prime de dimanche incluse, ou 950 euros pour les plus anciennes, même les diplômées).

Nous avons été encore plus déterminées à continuer la grève suite à l'attaque en justice (en référé) par notre direction: elle voulait faire reconnaître l'obligation d'un service minimum dans cet établissement privé et elle a perdu.

Le groupe Orpea qui nous a rachetés il y a deux ans est le premier groupe du secteur: 98 établissements (cliniques et maisons de retraite), 5500 salariés, 9300 lits. Il a doublé son chiffre d'affaires et triplé son bénéfice en cinq ans pour l'amener à 192,3 millions d'euros en 2003. Et l'action du groupe a augmenté de 46% depuis son introduction en Bourse il y a deux ans.

Alors, ce groupe a de quoi payer pour embaucher et pour de meilleurs salaires. C'est pourquoi nous sommes soudées et déterminées à faire grève jusqu'au bout et nous sommes toujours aussi nombreuses en grève qu'à son début.

Des lectrices de La Rochelle

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