Face aux licenciements, il n’y a pas de bons «plans sociaux»06/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Face aux licenciements, il n’y a pas de bons «plans sociaux»

En toute injustice, un tribunal vient une nouvelle fois de débouter les salariés de Lu-Danone, le géant de l'agro-alimentaire, qui entendaient contester la motivation économique du licenciement sur les sites de Calais et de Ris-Orangis, alors que le groupe Danone réalisait de confortables bénéfices.

La direction du groupe s'est précipitée pour déclarer qu'une nouvelle fois la justice lui avait donné raison «sur la validité et le sérieux du plan économique et social engagé dans le cadre de la fermeture des usines de Calais et d'Évry». La direction du groupe Lu-Danone a sans doute quelque compétence pour mettre sur le papier des projets susceptibles de plaire à des juges, mais pas à satisfaire l'attente des salariés.

Pour surmonter l'épreuve judiciaire, il suffit pour les patrons de proposer des «reclassements» qui sont inacceptables pour les salariés (par exemple à plusieurs centaines de kilomètres de leur domicile), de mettre sur pied une prétendue cellule de reclassement, de promettre des «efforts considérables de réindustrialisation» en liaison avec l'État, et de justifier les licenciements en déclarant que ceux-ci serviront à garantir la compétitivité de l'entreprise. Quant aux salariés jetés à la rue, une bonne partie se retrouvent au chômage, malgré tout ce décorum, sans espoir réel de trouver un emploi.

Dans nombre de grands groupes industriels du pays, des suppressions d'emplois avec souvent des licenciements à la clé sont annoncés depuis des mois, alors que ces groupes sont richissimes, qu'ils annoncent même des bénéfices, en tout cas qu'ils ont engrangé de considérables profits ces dernières années. Les Galeries Lafayette sont un des derniers mais, parmi une multitude d'autres, on peut citer Arcelor, Vallourec, Valéo, Philips, Yoplait, Nestlé, D'Aucy, Vallourec, Snecma, STMicroelectronics, Gemplus, et des filiales de grands groupes comme Faurecia pour PSA, ou mêmes des sociétés travaillant pour France-Télécom ou La Poste. Et chaque fois que les licenciements sont annoncés, patrons et pouvoirs publics cherchent à faire passer la pilule en rejouant le même scénario des cellules de reclassement et de la réindustrialisation des sites fermés ou sinistrés. Le scénario ne débouche le plus souvent sur rien. Dans certaines régions qui voient les plans de licenciements se multiplier, on se retrouve même avec des équipes de «reclassement» et de «réindustrialisation» tous les quelques kilomètres, quand ce n'est pas côte à côte.

Tout cela ne serait que grotesque et pitoyable s'il ne s'agissait pas de la peau et de la vie de dizaines de milliers de travailleurs. Alors, la seule solution réaliste est d'imposer l'interdiction des licenciements et que les profits, les richesses accumulées par le patronat sur le dos des travailleurs, servent au moins à garantir à ceux-ci leur emploi, c'est-à-dire leur salaire et les moyens de vivre.

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