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- Lutte ouvrière n°1866
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Dans les entreprises
Entremont (Bellegarde, 01) : Un 1er mai de lutte contre les licenciements
Samedi 1er mai, c'est aux cris de «Non aux licenciements» ou «Entremont rentable, ouvriers jetables» que plus de 100 salariés de la fromagerie Entremont de Trébillet, tout près de Bellegarde dans l'Ain, ont défilé dans les rues de la ville. C'est la moitié de l'usine qui est ainsi venue protester contre les suppressions de postes annoncées il y a quelques jours. Ce projet est une nouvelle catastrophe pour la ville de Bellegarde déjà fortement touchée par les fermetures d'usines, le chômage et la misère.
Le groupe Entremont, qui emploie actuellement plus de 2000 salariés (et même 3700 personnes avec la sous-traitance), a annoncé la suppression de 160 postes. Après des semaines de rumeurs entretenues par la direction, c'est finalement le site de Trébilet qui devrait être le plus touché, avec 82 postes menacés sur environ 200. La nouvelle est tombée officiellement lors du comité central d'entreprise du jeudi 22avril.
Sur cette usine, la direction veut arrêter la fabrication du fromage râpé et des morceaux d'emmental emballés. Elle conserverait seulement la production du fromage fondu. Mais bien des travailleurs de l'usine craignent que ce ne soit, en réalité, que la première étape avant la fermeture définitive du site.
La direction annonce qu'il n'y aura aucun licenciement sec. Mais les seuls reclassements qu'elle propose sont inacceptables pour la majorité des salariés: il faudrait par exemple partir sur un site Entremont en Bretagne, à l'autre bout du pays!
Entremont est un groupe important, contrôlé à 75% depuis juillet 1999 par une holding cotée en Bourse: la Compagnie Nationale à Portefeuille (du groupe Albert Frère). La CNP détient directement ou indirectement des participations dans des sociétés telles que TotalFinaElf, Suez et Imerys.
Entremont prétend avoir des difficultés avec le marché laitier mais annonce des bénéfices sur son secteur emmental. En tout état de cause, la CNP a largement les moyens de maintenir tous les emplois actuels. Pour la plupart des salariés de l'usine de Trébillet, il est clair que la direction veut augmenter ses profits et attirer de nouveaux capitaux.
C'est pour exprimer leur colère que les travailleurs ont décidé de se retrouver sur la place principale de Bellegarde, avant de rejoindre en cortège le rassemblement prévu par les organisations syndicales. Après plusieurs prises de parole devant la mairie, un représentant des salariés d'Entremont est intervenu pour dénoncer le fait «qu'un site rentable soit sacrifié pour rassurer les actionnaires».
Ensuite ceux d'Entremont, largement majoritaires, ont entraîné tout le monde dans les rues de Bellegarde pour défiler bruyamment pendant plus d'une heure. La manifestation était dynamique et on a pu entendre des slogans comme «Non aux licenciements», «Entremont, profits et pognon», «Entremont on n'est pas des pions», «Meule d'Or, pourquoi tu nous jettes dehors?» Tous étaient contents du succès de cette manifestation.
Le prochain comité central d'entreprise devrait avoir lieu le 13 mai. D'ici là, les salariés de l'usine vont essayer de faire connaître leur situation le plus largement possible pour défendre l'idée que l'usine ne doit pas supprimer de postes.