Chamonix (74) : Au pied du Mont-Blanc, la cupidité atteint des sommets06/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chamonix (74) : Au pied du Mont-Blanc, la cupidité atteint des sommets

La saison de sports d'hiver vient de s'achever dans les stations huppées de Haute-Savoie. Si elle a été très profitable pour les patrons de l'hôtellerie, on ne peut en dire autant des travailleurs saisonniers, dont la situation est catastrophique, en particulier pour ce qui concerne les conditions de logement.

La ville de Chamonix compte 10000 habitants en temps ordinaire, mais 80000 l'hiver et 100000 l'été. Pour faire fonctionner la station, 2500 travailleurs saisonniers sont nécessaires, dont une bonne moitié n'habitent pas la région.

Or, si la ville de renom international possède villas et hôtels de luxe à foison, son parc locatif social est très limité (environ 500 logements) et à peine une centaine sont disponibles pour les saisonniers, alors qu'il en faudrait six fois plus. Résultat: la colocation et l'insalubrité sont monnaie courante pour les travailleurs qui ont décroché un contrat pour cinq ou six mois, certains employeurs n'hésitant pas à entasser six personnes dans une cave insalubre où les murs tombent en lambeaux!

Les hôteliers préfèrent augmenter leur offre commerciale au détriment du logement pour leur personnel. Ainsi, une quarantaine de saisonniers ont passé l'hiver dernier à l'entrée de la ville, dans des caravanes ou des camions aménagés, sans le moindre confort. Le campement a même changé plusieurs fois d'endroit, au gré des plaintes du voisinage, de ceux bien logés dans de coquets chalets.

Côté salaires, la majorité des saisonniers gagnent moins de 1100 euros par mois, alors que les loyers sont inabordables. Il n'est pas rare de devoir payer 600 euros pour 25 mètres carrés seulement, et cette situation n'est malheureusement pas exceptionnelle en Haute-Savoie.

Dans ce département touristique qui fait travailler environ 20000 saisonniers, l'offre locative sociale ne permet d'en loger que... 300. En 2001, une étude de la DDE avait estimé qu'il fallait construire de manière urgente 1500 logements sociaux pour les saisonniers. Aujourd'hui, aucun n'a encore été réalisé, une cinquantaine seulement devraient être livrés à la fin de l'année. De plus, il n'existe aucune structure d'accueil pour ces travailleurs, qui puisse les informer des possibilités de logement, de leurs droits, etc.

À Chamonix, une minorité roule sur l'or... blanc, grâce au travail des saisonniers qui, eux, n'ont droit le plus souvent qu'à des taudis pour se loger.

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