Peugeot-Citroën (Saint-Ouen, 93) : Les temps modernes28/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1865.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën (Saint-Ouen, 93) : Les temps modernes

Depuis le 19 avril, de nouveaux horaires sont entrés en vigueur à l'usine Peugeot-Citroën de Saint-Ouen, en banlieue parisienne. Dans cette usine d'emboutissage, tous les travailleurs postés (2x8, nuit permanente et VSD vendredi-samedi-dimanche) voient leurs temps de repas supprimés ou, plus sournoisement, dits «déplacés en fin d'équipe».

Cela se fait déjà dans nombre d'entreprises, notamment de l'automobile. Mais à l'usine de Saint-Ouen, du fait des horaires des transports en commun de la région parisienne, l'équipe du matin ne peut pas commencer avant 6h15. Cela déplace l'heure du repas du midi chez soi à 14heures ou plus, et celui du soir à 22h30 ou plus!

Il ne reste plus dans la journée que deux pauses de 10 et 11 minutes le matin, 10 et 15 minutes le soir. Ceux qui veulent manger un peu au travail ont donc 11 minutes le matin et 15 minutes le soir, la cantine ayant été supprimée le soir.

Toutes les équipes successives se chevauchent pendant un quart d'heure pour «ne pas arrêter les machines». Un «briefing» avec le chef précède la «passation des consignes». Dans certains ateliers, les ouvriers doivent même remplir une «check-list» avec leur doubleur sur l'état du poste de travail.

L'équipe de nuit doit travailler 9 heures 10 minutes d'affilée, de 21h20 à 6h30 sur 4 nuits. Puis, l'équipe de VSD, de nuit pour l'occasion, prend le relais. L'horaire de nuit est illégal, l'inspecteur du travail l'a signalé, mais la direction prétend pouvoir y déroger.

Le but de l'opération pour le patron, c'est deux heures de production gagnées par jour. Pour les ouvriers, c'est la fatigue, l'énervement, le casse-croûte pris dans l'atelier tous les jours. La direction a aménagé des salles dites UEP (Unités Élémentaires de Production) avec frigo, évier et micro-ondes pour prendre des «en-cas». Mais ces salles donnent toutes sur les bureaux des chefs et elles sont très peu utilisées. Et de toute façon, en 11 ou 15 minutes, on n'a pas le temps de se préparer quoi que ce soit. Des distributeurs de sandwiches et d'en-cas genre autoroute ont été rajoutés, mais à certaines heures, il faut y faire la queue.

Déjà, après deux semaines de ce fonctionnement, ceux qui trouvaient certains avantages à quitter l'usine plus tôt constatent qu'on ne peut pas travailler sans manger correctement.

Il y a soixante-dix ans, Charlie Chaplin avait déjà décrit cela. Aujourd'hui «les temps modernes» sont toujours là et on en est à supprimer les cantines...

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