Face à la contre-réforme de la Sécu, il y a urgence : Préparons la riposte!28/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1865.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Face à la contre-réforme de la Sécu, il y a urgence : Préparons la riposte!

Le gouvernement compte clairement sur la proximité des grandes vacances pour faire passer son projet. La méthode est la même que pour les retraites. On incite d'abord tout le monde à se lamenter sur l'état dramatique de la situation financière, puis on passe à la phase «du dialogue» où le gouvernement demande à tous «les partenaires sociaux» de se pencher au chevet du malade et de prescrire des saignées, pour finir par faire voter la réforme par le parlement en juillet, à une époque où on espère que les salariés en partie en congé ne pourront pas bouger. Il faut dire que les différentes confédérations syndicales jouent le jeu, en pensant bien moins à mobiliser les salariés contre les attaques actuelles qu'aux nouveaux postes de gestionnaires que pourrait leur occasionner la nouvelle organisation de la Sécu.

En s'attaquant à la Sécurité Sociale, le gouvernement veut faire coup double. D'abord, il répond à la vieille revendication patronale de «baisse du coût du travail» (car les cotisations constituent du «salaire différé», y compris la partie qu'on appelle trompeusement les «cotisations patronales»). Ensuite l'objectif est de livrer entièrement la santé au marché, et de cesser de la considérer comme un service public. Comme avec les fonds de pension pour les retraites, leur objectif est de contraindre les salariés à cotiser pour des assurances privées.

Pour justifier ces attaques, le gouvernement ressort l'épouvantail du «trou» de l'assurance maladie, qualifié cette fois-ci d'«abyssal».

«Abyssal»? Mais le déficit officiel pour l'année 2003 -8,9 milliards- d'euros ne représente que 2,3% de son budget. Comparons plutôt au déficit du budget de l'État: 55 milliards d'euros en 2004, soit 20% du budget. Et même si Douste-Blazy ne bluffait pas en «prévoyant» pour 2004 un déficit proche de 14 milliards, il s'agirait donc encore d'un déficit très modeste en comparaison de celui du budget de l'État, à propos duquel le même Douste-Blazy, curieusement, ne dit pas que le système «est devenu fou».

Les comptes de la Sécurité Sociale seraient largement excédentaires si le patronat, et les gouvernements successifs à son service, ne s'appliquaient pas à les plomber par tous les bouts.:

Les patrons paient de moins en moins leurs cotisations sociales. Le montant des exonérations a été multiplié par six entre 1993 et 2003, passant d'environ 3 milliards d'euros par an à près de 20 milliards pour le régime général. De quoi combler largement le trou actuel.

L'État ne reverse pas les sommes dues à la Sécurité Sociale (au titre des compensations prévues pour les exonérations et surtout des taxes sur les alcools et le tabac. Ce sont ainsi 6,5 milliards d'euros que l'État n'a pas reversé en 2003, à comparer aux 8,9 milliards d'euros de déficit de la Sécu).

La Sécurité Sociale est la vache à lait des intérêts privés (10 milliards de profits pour l'industrie pharmaceutique, 2,5 milliards pour le matériel chirurgical et orthopédique, 6,8 milliards pour le commerce de détail des produits pharmaceutiques et médicaux, 73,6 milliards pour l'ensemble de la santé libérale...). Par exemple, le seul médicament Mopral, contre l'ulcère, coûte à la Sécu (et rapporte au trust AstraZeneca) la modique somme de 316,8 millions d'euros! Les trusts décident des prix, à la Sécu de rembourser comme elle peut!

Le gouvernement a eu soin d'impliquer les organisations syndicales dans le Haut-Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie, constitué en octobre 2002 par Raffarin, qui a remis son rapport le 23 janvier 2004, lequel a estimé que «tout ce qui est utile ne doit pas pour autant être pris en charge par l'assurance-maladie» et a proposé d'établir une liste limitée de soins remboursables, le «panier de soins». Car la méthode du gouvernement consiste à faire signer aux syndicats de prétendus constats de déficit pour obtenir un consensus de fait pour des sacrifices sur la santé et des ponctions sur les salariés. Face à ces attaques, il est indispensable de refuser la confusion entretenue par tous ceux, à gauche comme à droite, directions syndicales comprises, parlent de «dialogue» et de «réforme nécessaire», autant de faux débats qui, sous des airs faussement «objectifs», accréditent l'idée que les dépenses de santé ne pourraient plus être assumées par la Sécurité Sociale.

Pour faire reculer le gouvernement sur les mauvais coups qu'il veut faire passer, il s'agit dès maintenant de s'unir sur des revendications communes qu'il s'agit de défendre tous ensemble et le plus nombreux dans la rue et, s'il le faut, par la grève.

Pour financer les caisses de la Sécurité Sociale, les salariés devraient entre autres exiger:

le remboursement des 113 milliards d'exonérations de cotisations sociales patronales;

l'annulation des 38 milliards de la dette sociale, ce système mis en place en 1996 par Juppé, ponctionnant le budget de la sécu de 1,4 milliards par an pour le seul service de la dette, au profit de l'État et des marchés financiers;

l'encadrement imposé des prix des trusts pharmaceutiques et de l'industrie médicale, sous contrôle des salariés;

l'augmentation générale des salaires et l'interdiction des licenciements collectifs et des suppressions de postes dans les services publics.

Autant de revendications qui impliqueraient un contrôle des travailleurs sur les comptes et les choix des trusts pharmaceutiques et de la santé, comme sur le budget de la Sécu, bien loin de la prétendue «gouvernance» à laquelle aspirent les bureaucratie syndicales, qui se résume à la gestion syndicale de la misère et des restrictions sociales sous l'étroite surveillance du Medef et de son gouvernement.

Le 1er mai peut être une première étape de la mobilisation pour la Sécurité Sociale comme pour toutes nos revendications: 37,5 annuités pour tous, indemnisation totale des chômeurs, la santé pour tous, interdiction des licenciements et défense des services publics!

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