Dernière mine de charbon : La fin d’une histoire très noire28/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1865.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dernière mine de charbon : La fin d’une histoire très noire

Le dernier puits français d'extraction de charbon encore en activité, à Creutzwald en Lorraine, vient de fermer. Cela a été l'occasion pour les élus, ministre, évêque, de s'extasier devant la «légende» des «gueules noires».

Que les derniers travailleurs de cette mine et de nombreux anciens de ce secteur voient un tel événement avec nostalgie est bien compréhensible. Il a été au coeur de toute leur vie. En revanche, la compassion paternaliste des commentaires qui ont accompagné cette fermeture est insupportable.

Car si ce secteur n'est pas le premier secteur industriel qui disparaît, il a marqué de façon particulièrement sinistre et tragique l'histoire ouvrière du pays. Lié à l'essor du capitalisme industriel, il a été loin de ce passé glorieux que l'on nous décrit. L'extraction du charbon s'est faite au prix de la sueur, des larmes et de la vie de générations de mineurs.

Toute l'histoire de l'activité charbonnière fut celle de la surexploitation ouvrière, du travail des enfants, interdit tardivement au début du 20ème siècle, de la silicose généralisée et des hécatombes dues aux «coups de grisou», ces explosions de gaz stagnant dans les galeries ou dans des poches de la veine de charbon. En 1906, la plus meurtrière de ces catastrophes en France fit 1099 victimes à Courrières dans le Pas-de-Calais. Mais de tout cela, on en a moins parlé lors des cérémonies de ces derniers jours.

L'autre versant de cette histoire a été l'enrichissement de grandes familles industrielles dont des descendants figurent encore dans les conseils d'administration du capitalisme français.

Pour la population ouvrière de ces régions charbonnières, les séquelles de l'exploitation des mines et des mineurs qui demeurent aujourd'hui n'ont pas disparu: silicose, emplois non-renouvelés, présence des friches minières, fissurage voire effondrement des habitations à cause de l'existence d'anciennes galeries.

Si l'activité charbonnière prend fin en France, il n'en va pas de même ailleurs. Elle a même paraît-il de beaux jours devant elle à l'échelle de la planète. Et la surexploitation en ce domaine continue ailleurs, aggravée dans les pays pauvres avec son lot de catastrophes coûteuses en vies humaines comme on l'a vu dernièrement en Russie.

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