Moyen-Orient : Le terrorisme de l'État israélien une nouvelle fois légitimé par Bush22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Moyen-Orient : Le terrorisme de l'État israélien une nouvelle fois légitimé par Bush

Lors de sa visite aux États-Unis, Sharon a obtenu ce qu'il cherchait -la caution sans réserve des dirigeants américains à son plan d'évacuation unilatéral de la Bande de Gaza.

Il faut dire que cela ne lui a pas été bien difficile car ses alliés, les Bush et les Blair qui avaient fait tant de bruit pour se donner des airs de messagers de la paix au moment où ils concoctaient la «feuille de route» et portaient la guerre en Irak, ont toujours eu une réelle tolérance vis-à-vis de la politique expansionniste de l'État d'Israël.

Et de plus, Bush a une élection présidentielle à gagner. Les revers de sa politique en Irak, la multiplication des morts dans les rangs des troupes américaines et son imprévoyance évidente, vont de toute évidence lui aliéner des voix, y compris dans son propre électorat. Il lui est donc vital de ne pas risquer de se mettre à dos l'électorat pro-israélien, d'autant moins qu'une fraction importante vote d'ordinaire pour les démocrates.

Ce faisant, Bush entérine le rapport des forces créé par la véritable guerre que mène Sharon depuis son arrivée au pouvoir.

Derrière le plan Sharon

Selon le plan Bush-Sharon, Israël devra retirer les colonies juives de la Bande de Gaza en conservant néanmoins le contrôle de la frontière avec l'Egypte. La Bande de Gaza ne disposera ni de port maritime ni d'aéroport. On ne pourra entrer et sortir de Gaza qu'en passant par Israël. Elle deviendra, pour reprendre l'expression d'un pacifiste israélien, «un camp-prison géant fermé de tous côtés.» «Tout comme maintenant,» où, explique-t-il, Israël peut «interrompre la fourniture de nourriture, de matières premières, d'eau, d'essence, de gaz et d'électricité, de même que la sortie des travailleurs et des marchandises.» De plus, «Israël pourra également envahir la Bande de Gaza à tout moment afin de «prévenir des actions terroristes».

Et puis surtout, si Sharon se dit prêt à évacuer les 7000 colons juifs qui vivent à Gaza, il veut en échange consolider les colonies de Cisjordanie où se sont établis 250000 colons juifs.

Le plan prévoit donc de concentrer presque toute la population palestinienne sur deux bandes de terre, la Bande de Gaza et 45% de la zone restante de la Cisjordanie -soit environ 10% de ce qui s'appelait à l'origine la Palestine sous le mandat britannique, avant 1948! Et ces territoires, tels des bantoustans, seront entourés de zones israéliennes!

Le terrorisme de l'État d'Israël

La vraie signification du plan Sharon, on a pu en juger le 17 avril, trois jours après sa visite aux États-Unis, lorsque, fort de l'aval des leaders américains, l'armée israélienne s'est livrée à un nouvel assassinat contre Abdelaziz Rantissi cette fois, et ce, moins d'un mois après l'assassinat, le 22 mars dernier, de Cheikh Yassine, dont Rantissi venait de prendre la succession à la tête du Hamas. À l'annonce de son assassinat, plus de 200000 Palestiniens sont descendus dans les rues de Gaza.

Dès qu'ils ont eu connaissance de cette nouvelle opération meurtrière, les États-Unis ont apporté leur soutien sans réserve à Israël tandis qu'un ministre israélien justifiait: «Les opérations comme celles que nous avons menées contre Rantissi vont se poursuivre, ne serait-ce que pour s'assurer que les organisations terroristes ne prendront pas le contrôle de la Bande de Gaza après notre départ.»

Il n'en fallait pas plus pour empêcher Bush de déclarer qu'Israël avait «le droit de se défendre contre les terroristes», ce que n'a pas nié non plus le candidat démocrate John Kerry, tout aussi sensible que Bush aux échéances électorales.

Quant aux autres dirigeants impérialistes, notamment européens, ils ont une fois de plus condamné l'action israélienne avec toute l'hypocrisie dont ils sont capables. Les principaux États européens pourraient, s'ils en avaient la volonté, marquer leur désaveu de façon concrète en pesant sur les relations économiques existant entre l'Europe et Israël. Certes, ce sont les États-Unis, et de loin, qui sont les principaux bailleurs de fonds, mais l'Europe ne représente pas la portion congrue dans ses échanges avec Israël, puisque 42,40% des achats extérieurs d'Israël se font en provenance de l'Europe. Quant aux exportations israéliennes il en est de même, c'est vers l'Europe qu'elles sont les plus importantes. C'est dire que la France, l'Allemagne, l'Espagne comme d'autres pays encore, pourraient peser ou tenter de peser sur Israël. Mais ils ne le font pas, volontairement, ne serait-ce que par solidarité de classe et par opposition à tous les pauvres composant les masses arabes.

C'est donc, une fois de plus, en toute impunité que l'État israélien a frappé. Et, une fois de plus, il a proclamé qu'il n'en restera pas là.

Certes, une telle politique n'est pas nouvelle. Cela fait des années que l'État d'Israël rend de plus en plus impossible l'existence d'un État palestinien autonome, en favorisant l'installation de colonies. Cette politique de colonisation a été menée et approuvée aussi bien par les gouvernements dirigés par le Likoud (la droite israélienne dont fait partie Sharon) que par les travaillistes comme Pérès; les mêmes travaillistes qui, aujourd'hui, ne trouvent pas si mauvais le plan proposé par Sharon et qui semblent prêts à ramper vers un gouvernement d'Union nationale au cas où Sharon perdrait sa majorité à cause d'une défection des représentants des colons par exemple.

Alors tant que la population palestinienne sera ainsi humiliée, bafouée et privée de la possibilité de vivre dignement, elle continuera à se battre pour sa dignité, ses droits démocratiques et nationaux.

Il y a soixante ans, d'autres victimes, juives celles-là, avaient aspiré à vivre à l'abri des persécutions. Israël, qui ne fut jamais un havre de paix pour les Juifs martyrisés par la folie du nazisme, commémore aujourd'hui la mémoire des six millions de victimes de la barbarie du capitalisme poussé dans ses retranchements les plus extrêmes. Mais ceux qui aujourd'hui s'approprient cette mémoire n'ont rien de commun avec les victimes qu'ils disent représenter. Les Juifs d'alors avaient, dans leur grande majorité, d'autres idéaux: des idéaux de progrès et de justice. Leurs communautés étaient traversées par des courants politiques à l'opposé de ceux qui dirigent Israël, par les courants du socialisme et du mouvement ouvrier. Parce qu'ils se sont enfermés dans une logique exclusivement nationaliste en créant Israël, les gouvernants juifs sont devenus eux-mêmes des oppresseurs, incapables d'apporter le moindre espoir, ni aux Palestiniens évidemment ni même à leur propre peuple qu'ils condamnent à vivre un doigt constamment appuyé sur la gâchette de leur fusil.

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