Trélazé - Maine-et-Loire : Contre la fermeture des classes spécialisées!08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Trélazé - Maine-et-Loire : Contre la fermeture des classes spécialisées!

À la fin du mois de janvier, l'inspecteur d'académie du Maine-et-Loire a fait connaître son projet de carte scolaire (liste des ouvertures et fermetures de classes). Il envisageait de fermer quatre classes d'intégration scolaire (CLIS) qui scolarisent des enfants handicapés, sept classes d'adaptation (CLAD) qui scolarisent des enfants en grande difficulté scolaire et quatre postes de ré-éducateurs option G (ce sont des instituteurs spécialisés itinérants qui interviennent auprès des enfants en grande difficulté).

Devant la mobilisation des parents d'élèves et l'émoi causé dans l'opinion, il a dû rapidement revenir sur les fermetures de CLIS pour enfants handicapés (mal-entendants, handicapés moteurs). Mais il a refusé de revenir sur les autres fermetures, pensant sans doute, et à tort, qu'elles ne susciteraient pas de réactions majeures. Son objectif avoué est de supprimer à terme un tiers des postes d'enseignement spécialisé dans le Maine-et-Loire pour ramener le département au niveau de la moyenne nationale, pourtant considérée par tous les spécialistes comme déplorable.

Pour tenter de limiter les risques de mobilisation, l'inspecteur a fait savoir aux élus du personnel que ces mesures n'étaient encore qu'à l'état de projet. Et contrairement à l'habitude, il n'a pas informé les élus locaux de ces fermetures.

C'est seulement le 10 mars qu'il a rendu public l'arrêté définitif qu'il avait signé le 23 février. Mais les enseignants des secteurs concernés ne se sont pas laissés berner. Dès le retour des vacances de février, une manifestation convoquée en urgence par le SNUipp-FSU a réuni une centaine d'enseignants le mercredi 25 février. Le 10 mars, nous étions plus du double.

Parents et enseignants mobilisés à Trélazé

C'est surtout à Trélazé, commune de 10000 habitants de l'agglomération angevine, que le conflit a véritablement éclaté. Le 8 mars, une cinquantaine de parents d'élèves et d'enseignants se sont réunis pour s'opposer à la fermeture d'une classe d'adaptation (CLAD) dans l'école de la Maraîchère. Cette réunion regroupait des parents et enseignants des neuf écoles de Trélazé, pour la plupart non directement concernés par cette CLAD. Ils étaient venus pour défendre le droit des élèves en difficulté d'être scolarisés dans des classes adaptées. L'occupation de l'école fut décidée à compter du lundi 15 mars, si l'inspection d'académie ne revenait pas sur sa décision d'ici-là.

Ce jour-là, le 15 mars, alors que l'occupation était effective, l'inspecteur a subitement accepté de rencontrer une délégation de parents et de la mairie. Il leur a laissé entrevoir qu'il envisageait de rétablir la CLAD après examen du dossier, mais pas avant les vacances de Pâques et plus vraisemblablement en juin. Il a même expliqué que la question était "polluée" par les élections, en raison de la présence sur la liste LO-LCR aux régionales du directeur de l'école de la Maraîchère, où est située la classe fermée, par ailleurs conseiller municipal LO à Trélazé. En clair, il accusait Lutte Ouvrière de récupérer le mouvement à des fins électoralistes!

Les parents et les enseignants ne se sont pas laissés abuser par cette ruse grossière, et le mouvement a continué pendant trois semaines, en se durcissant. Les écoles de Trélazé ont été occupées à tour de rôle. Les locaux de l'inspectrice chargée de l'enseignement spécialisé ont été occupés. Les parents ont envahi le lycée Renoir à l'occasion de la visite du recteur et ont contraint l'inspecteur d'académie à les recevoir. Le lendemain, ils ont occupé les locaux de l'inspecteur de la circonscription, retenant celui-ci jusqu'au soir. Et le vendredi 26 mars, tous les enseignants de Trélazé se sont mis en grève. L'inspecteur d'académie a alors accepté de recevoir une nouvelle délégation de parents, d'enseignants et d'élus. Mais là encore, il a tenté de ruser: il était prêt à accorder un "moyen" de soutien à l'école de la Maraîchère pris sur une autre école de Trélazé, et de toute manière, il ne ferait connaître sa décision définitive au maire de la commune qu'après les vacances de Pâques.

Premier recul de l'inspecteur d'académie

Parents et enseignants de Trélazé ont alors décidé d'organiser un meeting regroupant tous les secteurs du département concernés par les fermetures, les syndicats, les associations de parents, les partis politiques et les élus locaux. En effet, pendant ces trois semaines de forte mobilisation sur Trélazé, diverses actions (occupations d'école et manifestations) ont eu lieu dans les autres secteurs touchés du département (Angers Zup Nord, Saumur et Cholet). La volonté d'unifier ces mouvements épars a toujours été la préoccupation des parents et enseignants de Trélazé, d'où l'idée du meeting commun qui fut fixé au jeudi 1er avril, à Trélazé.

Tout en préparant activement ce meeting, ils ont continué leurs actions: rencontre avec les enseignants du lycée professionnel de Trélazé qui avaient débrayé pour l'occasion, intervention au conseil municipal d'Angers, intervention pendant une conférence pédagogique de l'inspecteur de la circonscription Il faut croire que la perspective d'un meeting unifiant toutes les luttes éparses dans le département inquiétait l'inspecteur d'académie: la veille de celui-ci, il annonçait la restitution de quatre postes, dont celui de Trélazé.

Là encore, les choses n'étaient pas claires, car il s'agissait, d'après le communiqué de l'inspecteur d'académie, de postes d'enseignants non-spécialisés. Le matin du meeting, les parents de Trélazé ont donc une nouvelle fois envahi les locaux de l'inspection de l'enseignement spécialisé pour exiger des précisions sur la nature du poste obtenu. L'inspection académique leur a alors promis qu'il s'agissait bien d'un poste spécialisé de CLAD. Mais cette promesse ne concerne que Trélazé. Il n'en va pas de même à Angers où il s'agit de deux demi-postes complétés par un assistant d'éducation ni à Cholet où les deux postes promis sont apparemment des moyens déjà attribués à l'ensemble des écoles de la ville. Quant à Saumur, il n'a pour l'instant rien lâché.

Le soir, près de 150 personnes ont participé au meeting. Les syndicats d'enseignants, la FCPE (parents d'élèves), les associations professionnelles des maîtres spécialisés, le PS, le PCF, LO et les élus de Trélazé étaient représentés. Tous les secteurs en lutte étaient représentés à la tribune. D'ores et déjà, une manifestation départementale est prévue pour le samedi 24 avril, au retour des vacances de Pâques. Car si l'inspecteur d'académie a cédé pour Trélazé, il reste à transformer l'essai pour le reste du département.

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