Rwanda : Qui a tué Habyarimana ?08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rwanda : Qui a tué Habyarimana ?

Selon la récente enquête du juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, Paul Kagamé, ancien chef de l'opposition armée tutsi et actuel chef de l'État rwandais, serait à l'origine de l'attentat contre l'avion du président rwandais de l'époque, Juvénal Habyarimana, d'ethnie hutu. Façon d'affirmer que le FPR a eu une grande part de responsabilité dans le massacre des Tutsis, car il pouvait se douter qu'un tel attentat aurait entraîné une tuerie puisque chacune de ses offensives militaires était suivie de massacres de Tutsis à l'intérieur du Rwanda. Il aurait donc pris sciemment le risque de sacrifier les populations tutsies de l'intérieur.

Cette accusation rejoint celle formulée dès le lendemain de l'attentat par la veuve du président, Agathe Habyarimana qui en accusait le FPR. C'était aussi -et c'est toujours- la position de l'état-major militaire français. Comme si cette explication, même si elle s'avérait exacte -ce qui n'est pas le cas- pouvait justifier le génocide! Comme si elle pouvait surtout justifier le rôle abject de l'armée française au Rwanda aux côtés des génocidaires, sous la présidence du "socialiste" Mitterrand, un des plus infâmes serviteurs de la politique impérialiste de la bourgeoisie française. Rappelons d'ailleurs que si le génocide s'est déroulé sous la cohabitation, c'est sous le gouvernement socialiste (jusqu'à 1993) que l'armée française avait entraîné les futurs génocidaires.

Kagamé et son organisation étaient sans doute capables d'exécuter un attentat, même s'il pouvait se retourner contre leur propre ethnie. Mais il est en réalité bien plus vraisemblable que l'attentat ait été une provocation commise par des organisations extrémistes hutues sous le patronage de l'armée française. Des organisations qui étaient opposées à toute forme de partage du pouvoir gouvernemental avec les organisations tutsies.

Or, pour mettre fin à la guerre civile qui durait depuis 1990, les accords dits d'Arusha prévoyaient un gouvernement composé de partisans du clan Habyarimana et de ceux du FPR de Paul Kagamé, sous contrôle des troupes de l'ONU. C'est ce processus que l'extrême-droite hutue voulait bloquer avec le soutien de l'armée française sur place. Les massacres déclenchés par les bandes armées de l'extrême droite hutue ne visaient d'ailleurs pas seulement des Tutsis, mais également des Hutus modérés.

Alors quels que soient les auteurs et les commanditaires de cet attentat extrémiste -hutus du clan Habyarimana ou rebelles tutsis du FPR, soutenus respectivement par l'impérialisme français et américain- cela ne change pas le fond du problème, ni les responsabilités, dans ce génocide préparé de longue date par le pouvoir en place avec la complicité de ses protecteurs.

Partager