Lyon : Brûlées vives dans un bidonville08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lyon : Brûlées vives dans un bidonville

Dimanche 4 avril, à six heures du matin, deux adolescentes sont mortes, brûlées vives dans l'incendie de la caravane où elles dormaient, dans un bidonville du quartier de Gerland à Lyon.

Le bidonville, qui s'est constitué il y a plus d'un an, héberge actuellement plus de 500 Roms, dont près de la moitié d'enfants, venus de Roumanie et de l'ex-Yougoslavie, la plupart demandeurs d'asile. Ils y vivent sans aucune hygiène, au milieu des détritus que la ville de Lyon ne fait pas ramasser, malgré les demandes répétées des associations présentes (Médecins du Monde et l'ALPIL, l'Action lyonnaise pour l'insertion sociale).

Le terrain, près de la voie ferrée, appartenait à EDF et RFF (Réseau Ferré de France). Début octobre, suite à une ordonnance de référé, RFF avait fait démanteler par les CRS la partie du bidonville située sur son terrain. Mais il s'est reconstitué car, depuis plusieurs années, les habitants de ces bidonvilles, chassés d'un terrain à l'autre, n'ont pas d'autre choix que de reconstituer le même type d'habitat. Et quand certains s'en vont, d'autres arrivent.

EDF et RFF ont vendu leurs terrains à une société d'architecture, qui dit vouloir le céder à une autre société en vue de bâtir. Une première ordonnance en référé, le 1erdécembre, avait donné huit mois aux occupants pour s'en aller mais, en appel le 30 mars, la société propriétaire a obtenu un arrêté d'expulsion immédiate.

Au mois de mars, à plusieurs reprises, la police est intervenue en prétextant des délits, et a détruit des véhicules, pour inciter les occupants à partir: une centaine sont allés s'installer ailleurs.

Après l'accident du 4 avril, les responsables ont bien été obligés de changer d'attitude. Le préfet a organisé une réunion avec le maire de Lyon et les associations qui, depuis des mois, dénoncent la situation et le nombre de places notoirement insuffisant en foyers d'hébergement, pour les demandeurs d'asile: il y a 2 300 places pour 4000 à 5000 réfugiés.

La réunion a abouti à un accord, y compris avec le propriétaire du terrain, pour installer un point d'eau et un ramassage d'ordures. Le suivi médical devrait être renforcé. D'autre part, la moitié des demandeurs d'asile devraient avoir une réponse avant juin, et les autres avant la fin de l'année. Enfin, leur relogement est à l'étude, sans précision. Or, le même jour, deux cents personnes manifestaient devant l'hôtel de ville pour dénoncer le fait qu'elles vont se retrouver à la rue le 15avril, quand le "plan froid" va se terminer et qu'elles devront quitter les hôtels où on les a logées, faute de place dans les foyers d'hébergement. Il va donc falloir rapidement beaucoup de logements...

Le sort des Roms de Roumanie, qui sont les plus nombreux, va peut-être s'améliorer un peu. Mais cela risque de n'être que très provisoire, car il est peu probable qu'ils obtiennent le droit de rester. Et il est honteux qu'il ait fallu attendre un tel drame pour que les autorités cherchent quelques solutions -il reste à voir ce qu'elles vont réellement faire- alors qu'elles connaissaient parfaitement la situation.

Partager