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Leur société
L'endettement de l'État : À qui profitent les déficits?
Hommes politiques de droite ou de gauche, presse, parlent beaucoup du déficit budgétaire accumulé au niveau de l'ensemble du pays. La dette publique cumulée de la France avoisinerait les 1000 milliards d'euros. 15% du budget annuel de l'État devraient être consacrés au service de cette dette(remboursement du capital et surtout paiement des intérêts). C'est aujourd'hui le deuxième poste budgétaire. Son importance est invoquée pour justifier les mesures de restriction que le gouvernement envisage de prendre très prochainement, tout particulièrement dans le domaine de la Sécurité sociale et de la santé.
Cependant, ce déficit permanent des finances publiques dure depuis des décennies. Cela reste, aujourd'hui comme hier, un des moyens utilisés par l'État pour financer directement et indirectement le grand patronat. Ce sont les différents gouvernements, et eux seuls, qui au fil des ans ont ainsi creusé ce déficit.
Les vraies causes sont connues: ce sont les baisses d'impôt sur les sociétés, sur les plus hautes tranches d'imposition, les baisses considérables de la taxe professionnelle, les dégrèvements de charges sociales, les cadeaux aux entreprises en matière d'embauche, de recherche, d'aménagements, d'exportation, d'investissements, l'avoir fiscal et les baisses d'impôt qu'il entraîne au bénéfice des boursicoteurs, les allégements de transmission de patrimoine, les aides aux propriétaires immobiliers. On peut y ajouter les commandes considérables aux industries d'armement et toutes les infrastructures et les services que l'État et les collectivités acceptent de payer au prix fort à des sociétés privées. Telle est l'origine de ce déficit cumulé qui atteint près de 15000 euros par habitant, et qui amène l'État à devoir emprunter chaque année quelque 190 milliards d'euros pour assurer le nouveau déficit et ré-échelonner la dette passée.
L'État est chaque année responsable, à lui seul, de l'alourdissement de la dette publique à hauteur de l'équivalent d'environ 3% du produit intérieur brut, comme en 2003 (3,6% en 1997, 2,3% en 2002). Le prétendu trou "abyssal" de la Sécurité sociale, lui, ne correspondait qu'à 0,2% du produit intérieur brut en 2003, 0,15% en 2002, alors que les finances de la Sécurité sociale avaient été bénéficiaires les trois années précédentes à hauteur de 0,3% en 2001, 0,5% en 2000 et encore 0,3% du produit intérieur brut en 1999.
Chacun sait, à droite comme à gauche, que les aides aux profits des grandes entreprises, déjà considérables, creusent inexorablement ce déficit. Les seules aides aux entreprises correspondent à plus de 60 milliards d'euros par an, bien plus à elles seules que le déficit budgétaire, qui devrait atteindre ou dépasser 46 milliards d'euros en 2003.
Alors oui, il faudrait mettre fin à cet endettement sans fin. Il bénéficie à une petite minorité, entre autres les banquiers qui prêtent à l'État contre intérêts, et il est payé de multiples façons par le reste de la population. Par l'augmentation des taxes, des impôts indirects et locaux, quand ce n'est pas par la CSG, et aussi par la dégradation continue des services publics et l'abaissement des droits sociaux. Imposer l'État "bon marché" serait possible, en supprimant de manière drastique les cadeaux de toute sorte faits aux classes riches. Et cela permettrait même d'avoir encore des moyens considérables pour développer tous les services publics indispensables à la grande majorité de la population.