Discutée de longue date, décidée au printemps dernier et entrée en application au 1erjanvier, la "réforme" du régime d'assurance-chômage des intermittents du spectacle vient de trouver, en la personne de Chirac, un bien étrange détracteur. Celui-ci n'a pas poussé l'hypocrisie jusqu'à dire qu'il ignorait tout de cette réforme, voire qu'il l'avait toujours combattue. Mais ses quelques propos à la télévision au sujet du problème des "jeunes artistes", victimes du nouveau régime d'indemnisation, avaient de quoi irriter tous ceux qui se sont battus depuis des mois contre les mesures prises par le gouvernement... de Chirac.

Cette pseudo-ouverture va surtout permettre au gouvernement de gagner du temps dans d'interminables renégociations, où seuls des aspects mineurs de la "réforme" pourraient être remis en cause. Au flou de la déclaration de Chirac a d'ailleurs succédé le flou de celle de Raffarin, parlant de renouer un "dialogue nouveau" avec les intermittents, puis de celle de Renaud Donnedieu de Vabres, nouveau ministre de la Culture, qui dit vouloir "mettre un terme à cette méprise qui sépare injustement la volonté de réforme et la situation des artistes".

Méprise? Mais cela fait des mois qu'artistes et techniciens du spectacle savent à quoi s'en tenir sur les effets d'une "réforme" qui les frappe de plein fouet, en laissant impunies les pratiques des entrepreneurs de spectacles qui usent et abusent du statut de l'intermittence.

Pour transformer en actes les bonnes paroles du gouvernement, les intermittents devront continuer leur pression dans la rue, à commencer par le 19 avril, le jour de la réunion prévue avec le ministre. Et le gouvernement devrait se méfier de l'approche de la saison des festivals, s'il n'a pas compris les leçons de l'été passé.