7000 embauches sont annoncées à l'échelle du groupe PSA, dont 5000 en France. La manière dont la direction a informé les salariés par voie de presse prouve que l'effet d'annonce est évidemment recherché. Quant à la réalité des chiffres, ils servent surtout à masquer des prévisions d'augmentation... de la production.Car la réalité, c'est qu'entre 1999 et 2003, la production à l'échelle du groupe est passée de 2496000 à 3286000 véhicules et les effectifs totaux, CDI + intérim, de 67347 à 58917, soit 8430 personnes de moins.

à Poissy

À l'usine Peugeot de Poissy, 500 embauches sont annoncées d'ici la fin de l'année, par vague de 50 par mois selon un représentant de la direction. "Une trentaine de personnes ont déjà été embauchées depuis janvier. Et nous espérons pouvoir continuer l'embauche l'an prochain", précise-t-il à un quotidien parisien. Paroles, paroles...

À Poissy, depuis quatre ans, 1700 personnes ont été recrutées selon la direction et 1250 sont parties en préretraite. Mais le nombre d'intérimaires a été dans le même temps réduit de 1400 à 350 actuellement. Au total, il y a donc 600 travailleurs de moins dans l'usine. À la production, la proportion est plus forte puisque les effectifs ouvriers inscrits aux élections professionnelles ont baissé de 397, passant de 5393 à 4999 entre mars 2002 et mars 2004. Entre-temps, l'équipe de nuit a été supprimée et plus de 500 intérimaires licenciés. Ce qui fait près d'un millier d'ouvriers en moins.

Derrière les annonces d'embauche à coups de trompette dans la presse, on constate surtout la baisse réelle et continue des effectifs et la dégradation des conditions de travail. Pour inverser cette tendance à l'usine de Poissy, c'est beaucoup plus de 500 embauches qui sont nécessaires.

Correspondant LO

à l'usine de Rennes

À l'usine Peugeot-Citroën de Rennes, qui a un effectif actuel de plus de 9000 salariés en CDI, la direction locale annonce qu'il y aurait 550 embauches, dont 500 ouvriers. Cette nouvelle, reprise par tous les médias, est présentée comme étant la fin d'un cycle de suppression d'emplois dans l'industrie automobile.

Pourtant, malgré ces embauches, l'usine de Rennes continue de détruire des emplois stables. En effet, sur les 234 salariés qui sont partis en retraite anticipée (plan CASA) en 2003, tous n'ont pas été remplacés. En 2004, ce sont 568 salariés qui partiront en retraite anticipée. Ces départs ne sont donc même pas totalement compensés par les 500 embauches envisagées. Et il faut ajouter les licenciements pour faute auxquels le patron procède tous les ans!

Dans le même temps, la production de voitures augmente considérablement. La production journalière qui était d'à peine 700voitures à la fin de l'année 2003 est déjà passée à 1100 actuellement, pour atteindre 1800 en fin 2004 selon les prévisions de la direction.

Pour assurer cet accroissement de la production, la direction de l'usine de Rennes a recours à 2500 ouvriers en contrat précaire (CDD et intérim) dans les ateliers, ainsi qu'à plusieurs dizaines de techniciens de sociétés de services dans les bureaux.

Ainsi, l'embauche prévue ne concernera qu'un travailleur précaire sur cinq.

La maîtrise ne manque pas de se servir de la carotte des embauches pour en demander encore plus aux travailleurs précaires qui, pour beaucoup, aimeraient être embauchés en CDI.

Si la presse nationale et régionale se fait tant l'écho des embauches annoncées par PSA, ce n'est sans doute que pour tenter de faire oublier les milliers de licenciements en cours partout dans le pays. Mais dans l'usine personne n'est dupe.

à Peugeot Sochaux

Aux usines Peugeot de Sochaux, la direction a précisé que le quota d'embauches serait de 600 ouvriers en CDI, et 200 ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise) et cadres. Mais pour cette même année 2004, ce sont plus de 700 personnes qui partent en retraite ou préretraite.

Donc les embauches prévues cette année compenseront tout juste les départs. Mais on compte par ailleurs dans l'usine 1500 ouvriers en intérim et CDD. Un certain nombre d'entre eux seront embauchés parmi les 600 prévus. Quant aux autres, la plupart, leur contrat s'arrêtera d'ici la fin de l'année.

Bref, à Sochaux en janvier 2005, il n'y aura pas plus d'emplois en CDI qu'aujourd'hui, et peut-être encore moins. L'effectif de l'usine n'a d'ailleurs pas cessé de baisser depuis une vingtaine d'années.

Par ailleurs, PSA ne cache pas qu'il compte produire, chaque année, 700000 véhicules de plus d'ici 2006 à l'échelle du groupe. L'objectif de Peugeot n'est évidemment pas l'emploi, mais les profits. Ce ne sont pas les 700 licenciements annoncés à l'usine Peugeot de Ryton, en Angleterre, qui vont nous démentir.