Allocation spécifique de solidarité : Réforme suspendue, objectif maintenu08/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1862.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Allocation spécifique de solidarité : Réforme suspendue, objectif maintenu

Dans son discours du jeudi 1er avril, Chirac a voulu donner à son gouvernement un visage un peu moins antisocial. Il a fait mine de vouloir reconsidérer un certain nombre de mesures parmi les plus impopulaires adoptées par Raffarin: en premier lieu, celles qui se traduisaient pour plusieurs dizaines de milliers de chômeurs par la suppression de l'allocation spécifique de solidarité, à laquelle ils avaient droit.

Il a admis qu'elle était "très durement ressentie par un certain nombre de travailleurs et de chômeurs" et a demandé au gouvernement de suspendre sa mise en oeuvre. Mais suspendre n'est pas annuler.

La raison de l'impopularité de la réforme de l'ASS serait, selon Chirac, qu'elle arrive en même temps que la réforme de l'assurance-chômage. Il présente les deux mesures comme indépendantes l'une de l'autre, l'ASS dépendant du gouvernement alors que l'assurance-chômage est du ressort des partenaires sociaux, Medef et organisations syndicales, dans le cadre de l'Unedic.

En réalité, il s'agit bien de mesures coordonnées pour réduire brutalement les droits des chômeurs. Avec la réduction de la durée de l'indemnisation, les chômeurs arrivent plus vite en fin de droits. Ils n'ont droit alors qu'au RMI, s'ils en remplissent les conditions, ou à l'ASS.

La mesure décidée par le gouvernement RaffarinII, sous les auspices de Chirac, limitait la durée de l'ASS, qui auparavant pouvait être touchée sans limite de durée et permettait donc aux chômeurs de bénéficier d'un minimum jusqu'à leur retraite. RaffarinII avait décidé que la perception de l'ASS serait limitée à trois ans, pour ceux qui en bénéficient déjà, et à deux ans pour les nouveaux bénéficiaires. Les plus de 55 ans échappaient à ces mesures, mais ils perdaient la majoration de 178 euros à laquelle ils avaient droit auparavant. Ces nouvelles règles devaient prendre effet à partir du 1er janvier 2004. Devant les protestations qu'elle a suscitées le gouvernement repoussa leur mise en oeuvre au 1er juillet.

Aujourd'hui, Chirac annonce la suspension d'une mesure non encore appliquée. Mais il s'est bien gardé de dire qu'il renonçait à s'attaquer aux droits des chômeurs. Sous cette forme ou une autre. Il a rappelé "la réforme indispensable de l'assurance-chômage", regrettant simplement que la simultanéité des deux mesures n'ait pas été "suffisamment coordonnée".

Chirac et son gouvernement n'ont pas changé d'objectif: fournir au patronat une main-d'oeuvre moins coûteuse, en réduisant les droits des travailleurs et des chômeurs. Selon eux, la réforme de l'ASS suspendue, "la loi de mobilisation pour l'emploi (...) doit permettre de reprendre les choses dans une logique d'ensemble. Et cela avec un objectif principal qui est de mieux aider, de mieux accompagner les chômeurs dans le retour à l'emploi."

Ce que signifie cet "accompagnement" c'est, de la part d'un gouvernement qui ne sait qu'accompagner les suppressions d'emplois décidées par les patrons, une série de mesures destinées à contraindre les chômeurs à accepter n'importe quel travail, pour des salaires qui ne permettent pas de subvenir à leurs besoins élémentaires.

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