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Dans les entreprises
SNCF - Élections professionnelles : Les cheminots ont mis la CFDT à la retraite
Le 25 mars, les élections professionnelles à la SNCF se sont traduites par un recul important de la CFDT, essentiellement au bénéfice de la CGT et de Sud-Rail.
Sur l'ensemble des collèges pour l'élection des délégués du personnel, la CFDT passe de 18,60% des voix obtenues aux élections de 2002 à 7,47%. La chute est encore plus brutale à l'exécution (c'est-à-dire l'ensemble du premier collège, y compris les agents de conduite) où elle obtient 6,46% des voix. Elle disparaît pratiquement des agents de conduite (1,85%).
Cet effondrement électoral fait suite à une défection d'une partie importante de ses militants: après les mouvements de grève du printemps 2003, des milliers d'entre eux, des syndicats entiers, en désaccord avec la politique de soutien au plan Fillon sur les retraites de la part de la confédération CFDT, l'ont quittée au profit de la CGT et de Sud- Rail. Cette hémorragie s'est d'ailleurs traduite par l'incapacité de la CFDT à présenter des listes de candidats délégués du personnel dans la moitié des établissements.
Aux élections au Comité d'entreprise où, tant bien que mal, la CFDT a pu se présenter dans les 22 régions de la SNCF, elle a subi le vote sanction des cheminots en passant de 18,45% à 9%. La CGT et Sud-Rail profitent de ce recul.
La CGT, déjà le premier syndicat, progresse et recueille 47,10% des voix des cheminots contre 41,90% deux ans plus tôt. Sud-Rail, créé après les grèves de l'hiver 1995, devient la deuxième organisation syndicale en passant de 13,86% à 18,15% et même de 17,30% à 22,40% chez les agents de conduite. Chez ces derniers, il est notable que la FGAAC, syndicat corporatiste des agents de conduite, opposée à la grève du printemps dernier car, d'après elle, les cheminots n'étaient pas concernés, ne profite pas du recul de la CFDT et accuse même un léger recul, de 32,18% à 31,80%.
Au-delà des situations locales très variées (dans bien des secteurs, le recul de la CFDT était déjà consommé depuis 1995), les cheminots ont sanctionné le soutien ouvert de la direction CFDT au gouvernement et à ses mesures antiouvrières. Et ce n'est que justice. On ne peut pas impunément servir de porte-parole au gouvernement et au Medef dans la classe ouvrière sans avoir de retour de bâton.
Au niveau national, ce désaveu profite essentiellement aux organisations qui ont donné l'image d'opposantes à ces mêmes mesures. Non pas qu'elles aient mené une politique fondamentalement différente de celle de la CFDT. Mais elles n'ont pas eu la servilité de Chérèque, patron de la CFDT, dans la défense active et zélée de la politique de Fillon contre les retraites.
Si le vote du 25 mars exprime la volonté d'une fraction croissante des cheminots de s'opposer à la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, on ne peut que s'en réjouir. Mais l'expression d'une opinion lors d'un vote ne suffit évidemment pas. Il reste à préparer la riposte, à organiser des luttes en convergence avec les luttes des autres corporations.... sauf que les directions des organisations syndicales, quelles qu'elles soient, au-delà de leurs attitudes différentes, n'ont pas, à l'évidence, cette préoccupation.