Remaniement ministériel : On rebat les cartes pour nous jouer la même partie01/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1861.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Remaniement ministériel : On rebat les cartes pour nous jouer la même partie

Avant même que l'on connaisse les changements des titulaires des différents ministères à la suite du remaniement gouvernemental, on sait déjà que cela ne changera rien. Pas seulement parce que Raffarin a été choisi pour se succéder à lui-même et qu'il a déclaré, au soir du second tour des élections régionales, qu'il entendait poursuivre ses "réformes", c'est-à-dire pour le moment le démantèlement de la Sécurité sociale en plus du reste. Pas seulement parce que l'on va retrouver les mêmes hommes -mais peu de femmes paraît-il- pour se retrouver à des postes différents. Qu'est-ce que cela changera pour nous si Sarkozy passe du ministère de l'Intérieur à celui des Finances? Ou si Fillon remplace Luc Ferry pour démolir l'Éducation nationale après avoir saccagé les retraites des salariés? Tout au plus cela nous prouve que ces hommes sont interchangeables et qu'ils ne sont pas choisis pour leur compétence dans tel ou tel domaine, mais surtout en fonction des luttes de derrière la façade, en fonction des intérêts des différentes factions qui composent le panier de crabes dont le couvercle tout juste efficace est le simple sigle UMP. À moins que ce soit, pour certains, pour leur obéissance. C'est sans doute pour cela que l'on va remplacer les ministres que l'on disait issus de "la société civile" -Luc Ferry ancien haut fonctionnaire dans l'administration de l'Éducation nationale, Francis Mer ancien Pdg dans la sidérurgie- par des politiques, qui eux ne feront pas les gaffes de leurs prédécesseurs. À voir!

Ce petit jeu de chaises musicales fait partie d'un rituel pour amuser la galerie -encore qu'il amuse et trompe de moins en moins.

Il n'y a que l'opposition de gauche pour faire semblant de s'indigner du maintien de Raffarin à son poste, en se gardant bien de dénoncer clairement la politique qu'il a menée et celle qu'il annonce et de dire ce qu'elle ferait d'autre, voire de mieux. Il n'y a qu'elle pour dire que Chirac a, en agissant de la sorte, fait un bras d'honneur aux Français ou pour déclarer que le gouvernement est désormais illégitime. Comme si Chirac avait été plus légitime au lendemain du deuxième tour de la Présidentielle parce que la gauche avait appelé à voter pour lui!

L'essentiel n'est pas ces interversions de rôles et les commentaires qu'ils suscitent. Il est ailleurs, dans le fait que Seillière, et le grand patronat, les grands du commerce et de l'industrie et les financiers qu'ils représentent, restent aux commandes. Ces gens-là ne sont pas élus, ni soumis aux aléas d'un suffrage populaire.

Les seuls qui peuvent décider de leur affectation sont leurs pairs, les quelques dizaines d'hommes qui composent leur monde. Ce sont ces hommes, et parfois mais plus rarement ces femmes, qui continuent dans l'ombre à gouverner l'économie, et même de plus en plus souvent à visage cyniquement découvert.

Et cela continuera tant que les luttes des travailleurs n'y mettront pas le holà.

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