Nestlé Beauvais (Oise) : Débrayages réussis pour les salaires01/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1861.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nestlé Beauvais (Oise) : Débrayages réussis pour les salaires

Le secteur des Crèmes Glacées de l'usine Nestlé de Beauvais, qui compte 340 salariés sur les 850 du site, a massivement débrayé trois jours de suite, du 22 au 25 mars dernier, pour une augmentation de salaire.

Quelques jours auparavant, un tract de la CGT avait révélé plusieurs faits qui ont choqué tout le monde. Par exemple, à propos des gratifications annuelles accordées par la direction: sur les 12 personnes qui y ont eu droit, il y a six cadres et un cadre supérieur (qui a touché 2000 euros), mais pas un seul ouvrier!

À cela s'ajoutait la prime d'intéressement: elle est la plus basse de tout Nestlé Grand Froid, qui compte l'usine de Beauvais et le siège social de Noisiel en Seine-et-Marne, avec un écart de 50% par rapport au taux le plus élevé. Cela paraissait d'autant plus injuste que l'été dernier, avec la canicule, nous avons travaillé sans compter, beaucoup d'entre nous ayant accepté, pour assurer les commandes, de faire des heures supplémentaires, des samedis en plus, ou même repoussant leurs congés d'été!

Enfin, le tract dénonçait le fait que la direction de Nestlé envisageait une augmentation de salaire de 2% pour l'année 2004... sauf à Beauvais en raison d'une "conjoncture difficile"!

Ce tract fit mouche: plus de 80 personnes répondirent favorablement à un questionnaire proposant de débrayer à l'occasion de la négociation salariale annuelle prévue le mercredi 24 mars.

Le mardi 23, des débrayages de deux heures furent déclenchés, équipe après équipe, et suivis à la quasi-unanimité. Nous avons débrayé aussi massivement le mercredi, pendant la séance de négociations tenue au siège social, loin de Beauvais. En fin de journée, les négociations ne donnant pas satisfaction, l'équipe d'après-midi prolongeait son débrayage jusqu'à la jonction avec l'équipe de nuit, accueillant celle-ci avec une haie d'honneur et des applaudissements. L'idée se propagea: le matin suivant, l'équipe entrante était accueillie de la même manière.

Jeudi 25 mars après-midi, après avoir tenté un chantage, la direction finit par lâcher quelque chose qui soit digne d'intérêt: les 2% qu'elle ne voulait pas donner au départ, plus 15 euros brut, et une prime de 140 euros brut au titre de l'année 2003, cela pour l'ensemble des salariés et, pour les Crèmes Glacées, un coup de pouce sur la prime d'intéressement. Et les heures de grève pourront être prises sur les congés, les heures de récupération et autres.

Cela représente à peu près l'objectif que nous avions en tête, soit 3,50% d'augmentation sur un salaire d'ouvrier. Ce n'est pas énorme, mais nous savions qu'il aurait été difficile d'arracher plus, d'autant plus que les collègues des Surgelés, l'autre partie de l'usine, subissent du chômage partiel à répétition et sont sous la menace d'un plan de suppressions d'emplois.

L'équipe de nuit, qui arrivait avec ses sacs de couchage, reprit donc le travail. Cela faisait des années qu'il n'y avait pas eu de débrayage victorieux à Nestlé Beauvais. Le recul de la direction a été ressenti par tous comme une victoire, certes modeste, mais réelle. Et le sentiment le plus partagé est que "nous avons relevé la tête, c'est une victoire pour notre dignité".

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