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Dans les entreprises
Les pompiers en colère
Le 25 mars, les pompiers en grève manifestaient à Paris. Venus de toute la France, ils étaient 7000, sur les 33000 que compte la profession. Ils exigent le droit de partir à la retraite à 50 ans, ce qui passe par la reconnaissance de leur profession comme "métier à risque". Sur leurs pancartes, ils avaient écrit: "Sarkozy, marre des mots, les pompiers meurent au boulot", ou "Moins de médailles, plus de bonifs".
L'exaspération ne cesse en effet de monter contre le ministre dont ils dépendent qui fait de beaux discours sur la tombe des pompiers morts en service, mais reste sourd quand on lui dit qu'il n'est plus possible de monter sur la grande échelle à 62 ans. Mais cette fois, Sarkozy ne s'est pas contenté de mots. Il a envoyé ses CRS contre les manifestants qui voulaient se rendre au ministère de l'Intérieur, là où se tenaient les négociations avec les organisations syndicales.
Depuis des années, les pompiers se battent pour pouvoir arrêter ce métier dangereux quand ils sont trop usés pour l'exercer. Certes, ils ont le droit de prendre leur retraite à 55 ans. Jusqu'à la "réforme" Fillon de l'an dernier, il leur fallait 32 ans de cotisations pour partir à taux plein et bénéficier d'une retraite complète. Les cinq années en moins par rapport aux autres travailleurs de la fonction publique n'étaient pas un cadeau. Ils se les payaient en cotisant davantage. Mais depuis les mesures du plan Fillon et l'obligation où se trouvent l'ensemble des salariés de cotiser 42 ans, ce que les pompiers peuvent toucher en partant à 55 ans s'est réduit comme peau de chagrin. Souvent recruté aux alentours de 25 ans, un pompier ne pourra partir avec une retraite à taux plein qu'à 62 ans, et encore en surcotisant toute sa vie pour se payer la bonification de 5ans lui permettant de ne cotiser que 37 ans au lieu de 42. Et s'il part à 55 ans, avec la décote, il ne touchera que la moitié de son dernier salaire.
Cependant, même à 55ans, on est déjà trop âgé pour aller au feu. C'est pourquoi les pompiers revendiquent depuis des années la possibilité de partir à 50 ans, avec une retraite qui soit à taux plein. En décembre 1999, leur grande manifestation sous la tour Eiffel avait arraché à Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, la création d'un congé pour difficultés opérationnelles (CDO) leur permettant après visite médicale de rester chez eux de 50 à 55 ans avec 75% de leur dernier salaire. Dans les faits bien peu ont pu en profiter, tant à cause du filtre de la visite médicale que parce que ce CDO réduisait la retraite, puisqu'on ne cotisait pas pendant ces cinq ans. Avec la réforme Fillon, cette maigre possibilité de départ à 50 ans devient impensable dans la pratique.
Les pompiers sont donc redescendus massivement dans la rue car ils ne veulent pas avoir pour seul choix de mourir au travail ou de survivre avec une retraite de misère. À l'issue de la manifestation, Nicolas Sarkozy s'est contenté de repousser les échéances. Il a promis aux syndicats qu'il inclurait dans la prochaine loi sur la sécurité civile la reconnaissance du caractère dangereux du métier de pompier. Mais comme il l'a écrit dans un communiqué aux pompiers: "C'est une chose de reconnaître que le métier de sapeur-pompier comporte des risques, et de prévoir une série de mesures spécifiques, c'en est une autre d'accorder systématiquement une retraite à 50 ans et un départ imposé à 55 ans". Rien de gagné donc.
Sarkozy a le culot de dire "qu'on ne peut pas donner cet avantage aux pompiers alors qu'on demande un effort sur la retraite à tous". Mais le droit à profiter en paix de la vie une fois qu'on s'est usé au travail est dû à tous les travailleurs!