Décentralisation : Le personnel n'a pas à en faire les frais01/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1861.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Décentralisation : Le personnel n'a pas à en faire les frais

Le projet de loi sur la décentralisation, qui doit être soumis au vote de l'Assemblée nationale le 7 avril, prévoit pour les 96000 techniciens, ouvriers et personnels de service faisant partie de l'Éducation nationale jusqu'ici, leur transfert statutaire au département pour ceux travaillant dans les collèges, et à la région pour ceux travaillant dans les lycées.

Par ailleurs, quelque 30000 agents qui s'occupent de l'entretien des routes au sein des directions départementales de l'Équipement auraient dorénavant pour employeurs les Conseils généraux. Ces salariés ont des raisons de s'inquiéter de ce que leur réserve ce transfert. Tout d'abord, comme chaque fois que l'État transfère des personnels et des charges, il ne transmet pas les financements correspondants.

Les futurs présidents des Conseils régionaux, désormais tous socialistes, sauf un, s'inquiètent. Mais ceux de droite qui présidaient avant eux certaines régions s'inquiétaient aussi. Car si le gouvernement a déjà pris la décision de décentraliser, la loi qui prévoit le financement des dépenses nouvelles à la charge des collectivités locales a pris du retard. Leur inquiétude est d'autant plus légitime que l'État, quand il prend des engagements, a l'habitude de ne pas les respecter ou alors avec beaucoup de retard.

Si l'État transfère des responsabilités aux collectivités territoriales, ce n'est pas pour rendre la gestion des établissements scolaires ou celle des routes plus proches de la population, comme le prétendent Raffarin et son gouvernement (qu'est-ce que cela peut vouloir dire pour un agent de laboratoire ou un ouvrier d'entretien?), mais pour faire des économies.

Le gouvernement a donné en héritage aux Conseils généraux depuis le 1er janvier la gestion complète du RMI à laquelle s'ajouteront, dans les semaines qui viennent, l'organisation et le financement du Revenu minimum d'activité (RMA), à charge pour les collectivités locales de gérer la misère. Les départements seront aussi responsables du "schéma" qui organise la prise en charge des personnes âgées. Mais où trouveront-ils tout cet argent nécessaire aux équipements et aux embauches qui s'imposent sinon en augmentant les impôts locaux?

Ce sont autant de milliards économisés sur le budget central qui permettront d'octroyer des avantages financiers encore plus importants au grand patronat. C'était déjà le cas sous le gouvernement de gauche: sous Jospin, l'Aide personnalisée à l'autonomie (APA) avait été transférée aux Conseils généraux et les transports ferroviaires TER aux Conseils régionaux, transferts dont les conséquences négatives commencent à se faire sentir. Il en va de même pour le réseau de près de 20000 kilomètres de routes nationales, confié aux départements sans que l'argent nécessaire à leur modernisation soit attribué. Derrière la "décentralisation" se cache, à peine, une opération de destruction systématique des services publics avec la complicité de la quasi-totalité des notables locaux.

Alors le personnel ainsi décentralisé autoritairement a toutes les raisons de se méfier et de s'opposer à des mesures dont il sera victime.

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