- Accueil
- Lutte ouvrière n°1861
- Côte-d'Ivoire : Des massacres orchestrés par le pouvoir
Dans le monde
Côte-d'Ivoire : Des massacres orchestrés par le pouvoir
Jeudi 25mars, à Abidjan, une tentative de manifestation de l'opposition a été violemment réprimée par l'armée et la police du président Gbagbo. Une véritable chasse à l'homme s'en est suivie dans les quartiers supposés abriter des partisans de l'opposition. Les forces de sécurité, appuyées par des miliciens pro-gouvernementaux, des "jeunes patriotes" et des membres du syndicat étudiant Fesci, ont ainsi ratissé les quartiers d'Abobo, Anyama, Treichville et Youpougon, laissant derrière eux des centaines de morts. Rien qu'à la morgue de Treichville, un diplomate étranger aurait dénombré 152 cadavres.
Ce n'est pas la première fois que les milices proches de Gbagbo se livrent à de tels massacres. Ce fut le cas notamment en septembre 2002, lorsque la rébellion du Nord a éclaté.
Aujourd'hui, le pays n'est pas sorti de la crise politique inaugurée par cette rébellion. Depuis, l'autorité du gouvernement ne s'exerce plus que sur la moitié sud -la plus riche- du pays, tandis que l'est et le nord sont aux mains des rebelles. Quant aux accords de Marcoussis, signés sous l'égide de la France en janvier 2003 et dénoncés dès le lendemain par Gbagbo, ils n'ont jamais permis de rétablir la paix, ils ont tout au plus débouché sur un gel temporaire des affrontements armés. Le "gouvernement de réconciliation nationale" n'a jamais vraiment fonctionné. Les membres de l'opposition ainsi que les représentants des groupes rebelles ont d'ailleurs décidé de ne plus y siéger et exigent désormais le départ de Gbagbo.
La colère de l'opposition commence également à monter contre l'attitude de la France qui, tout en se prétendant neutre, apporte son soutien au régime en place. Dès le début du conflit, les 4500 soldats déployés dans le cadre de l'opération "Licorne" se sont surtout opposés à l'avance des troupes rebelles que les armées gouvernementales n'avaient pas réussies à repousser. Bien que présente à Abidjan, l'armée française n'est jamais intervenue pour faire cesser les exactions quasi quotidiennes des milices pro-Gbagbo, et encore moins pour les désarmer. Depuis le 25mars, les troupes françaises n'ont pas plus protégé les quartiers populaires de ces tueurs.
En fait, ces troupes ne sont déployées que pour protéger les intérêts des banques et des entreprises françaises, très nombreuses en Côte-d'Ivoire. Une récente visite de Gbagbo à Paris s'est d'ailleurs soldée par la signature de plusieurs contrats avec notamment les groupes Bolloré et Bouygues. Pour ces gens-là, il importe peu qu'un pays soit dirigé par un dictateur et qu'il orchestre des massacres. Ce qui compte, c'est la bonne marche de leurs affaires.
Et sur ce plan, du Congo au Rwanda, l'impérialisme français s'est rendu complice de plus d'un bain de sang.