Cofradec Le Quesnoy (Nord) : Liquidation judiciaire, 69 ouvriers occupent leur usine01/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1861.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cofradec Le Quesnoy (Nord) : Liquidation judiciaire, 69 ouvriers occupent leur usine

Jeudi 18 mars, l'usine Cofradec du Quesnoy, dans le Nord, a été mise en liquidation judiciaire avec cessation immédiate de l'activité. Les 69 ouvriers, qui s'attendent à être prochainement licenciés, ont décidé d'occuper leur usine.

La Cofradec est une société d'emballage alimentaire, où les ouvriers fabriquent par exemple une partie des pots de yaourt ou des emballages de chewing-gum. Elle travaille pour les plus grands trusts de l'agro-alimentaire. 40% du chiffre d'affaires se fait actuellement avec Yoplait, qui est le 2eproducteur mondial de yaourt et de produits laitiers frais et réalise un chiffre d'affaires de 965 millions d'euros.

L'usine était la propriété d'un trust américain, UCB Packaging, jusqu'au milieu des années 1990. Une première vente à un autre trust s'est accompagnée à l'époque du licenciement de plus de la moitié des travailleurs. Puis l'usine a été revendue deux fois pour un franc symbolique, d'abord à deux anciens directeurs, puis à un de ses fournisseurs. Tous ces anciens patrons se sont certainement débrouillés pour en retirer un maximum de profits.

Depuis un an l'usine était en redressement judiciaire, mais les promesses n'ont pas manqué pour faire croire qu'elle ne fermerait pas. La principale raison invoquée aujourd'hui est le coût nécessaire pour mettre fin aux émanations de solvants et dépolluer le terrain de l'usine. Pourtant ces problèmes sont connus depuis longtemps et les patrons n'ont pris aucune mesure pour éviter la situation actuelle. Un plan de réduction de la pollution a bien été déclaré à l'État en 1999 mais rien n'a changé dans l'usine. Les patrons ont pu ainsi gagner du temps et probablement empocher des subventions. De plus aucun élu local n'a cherché à obliger les patrons à réaliser les investissements indispensables à la santé de la population. Un lycée a même été construit à proximité.

Le juge, entre autres, a justifié la liquidation immédiate par le fait que les "salariés ne seraient plus assez motivés". Ceux-ci ont réagi immédiatement en occupant l'usine. Dans la ville, la solidarité de tous s'est également affichée. Les commerçants ont fermé leurs rideaux pendant une heure l'après-midi et diverses banderoles sont apparues devant les autres usines de la ville. Les slogans sont également nombreux et clairs sur les murs de l'usine: "On n'est pas encore mort", "Aujourd'hui Cofradec, demain?", "Nos indemnités sinon BOUM"...

Les ouvriers savent qu'il reste tout de même de l'argent dans les caisses et du matériel dans l'usine. Ils réclament une prime de 15000 euros et un véritable plan de reclassement. Sans illusions, ils veulent rencontrer les élus locaux pour exiger d'eux qu'ils les aident à obtenir ce minimum. Ils cherchent également à préparer d'autres actions tous ensemble, bien conscients que ce n'est que par leur propre lutte qu'ils peuvent gagner quelque chose. Lors du premier tour des élections, ils ont manifesté devant un bureau de vote et voulu assister ensemble au dépouillement, mais les gendarmes les ont empêchés d'entrer dans le bureau. Les travailleurs ont également participé à une manifestation commune à Aulnoye, avec les ouvriers de l'usine Acker où 76 licenciements viennent d'être annoncés. Les ouvriers de la Cofradec sont donc bien déterminés à ne pas se laisser licencier sans réagir.

Cofradec est une usine qui a appartenu à de grands groupes industriels, qui travaille pour des trusts qui réalisent d'énormes profits, qui appartient à des patrons locaux qui n'ont jamais voulu investir mais ont empoché les profits liés au travail des ouvriers. Tous ces trusts et ces patrons qui ont pu, sans aucun contrôle, préparer la fermeture qui a lieu actuellement devraient payer pour maintenir les emplois et mettre enfin l'usine aux normes. Ils en ont certainement les moyens et ce ne serait que justice.

Cette fermeture d'une usine qui a enrichi pendant des décennies toute une série de trusts et de patrons est écoeurante. Il y a là toutes les raisons d'être en colère.

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