Un vote qui fait plaisir, mais qui n’est pas suffisant24/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1860.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Un vote qui fait plaisir, mais qui n’est pas suffisant

Ainsi la droite, le gouvernement Raffarin et, au-dessus de lui, Chirac viennent de recevoir un sérieux désaveu. Au bout de deux ans de gouvernement, les électeurs ont dit son fait à Raffarin. Et c'est bien réjouissant! Cela ne changera rien à la majorité de droite à l'Assemblée nationale et c'est toujours la droite qui aura le gouvernement. Plusieurs ministres seront remplacés et peut-être même Raffarin, mais cela ne changera pas la politique menée, sauf peut-être avec un peu moins d'arrogance dans les discours.

Le FN ne progresse que très légèrement et cela montre qu'heureusement ce parti réactionnaire n'a pas servi de moyen de protestation aux classes populaires.

La gauche sera en situation d'être à la direction d'un plus grand nombre de régions que précédemment. L'électorat populaire, celui qui vote pour la gauche, a choisi le Parti Socialiste, le Parti Communiste et leurs alliés pour exprimer son rejet de la politique de Raffarin. C'est vrai que lorsqu'on veut frapper un adversaire on se sert des armes qu'on a sous la main, sans être trop regardant.

Mais il ne faut pas croire que la situation des classes populaires et de tout ce qui concerne la population va changer en quoi que ce soit dans les régions qui passent à la gauche. Dans l'Ile-de-France par exemple, personne n'a ressenti dans sa vie quotidienne que, depuis six ans, le président de région était un socialiste. Et s'il le reste six ans de plus, on ne le sentira pas plus.

La politique de la droite, son mépris de la population laborieuse, sa suffisance, ont littéralement fait campagne pour la gauche, qui n'a pas eu besoin de dire quoi que ce soit de ce qu'elle ferait si elle revenait au pouvoir. La gauche n'a même pas promis d'annuler les mesures réactionnaires du gouvernement Raffarin.

En ce qui concerne les listes présentées en commun par Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire, leurs résultats ne sont pas ceux que la presse leur prêtait avant le scrutin. Mais avec 5% des voix à l'échelle nationale, ces résultats, s'ils sont inférieurs par rapport à la présidentielles, sont stables par rapport à d'autres élections similaires et en progression par rapport aux élections régionales précédentes et surtout très supérieurs aux élections législatives de 2002, le dernier scrutin en date. D'ailleurs, l'extrême gauche n'a jamais obtenu autant de voix, dans des élections régionales, européennes ou législatives, qu'à l'élections présidentielle.

Ce résultat de 5% au niveau national se maintient, sensiblement le même depuis 1995, à part aux législatives de 2002, ce qui prouve que l'électorat d'extrême gauche existe et se maintient à travers les aléas et les divers scrutins.

Il aurait réellement mieux valu, pour l'avenir, que le mécontentement populaire se manifeste plus sur les listes d'extrême gauche que sur la gauche, que l'on a vu servir les plus riches pendant cinq ans au pouvoir. Beaucoup se sont dit que la droite est pire que la gauche. C'est vrai! Mais il ne faut pas oublier que, pour prendre toutes ces mesures antipopulaires, la droite est partie d'un tremplin préparé par la gauche. Il faut savoir aussi que, si la gauche revient au pouvoir, elle partira de ce qu'a fait la droite, sans revenir en arrière. Et, à son tour, elle fera pire que ses prédécesseurs de droite.

Les élections ne peuvent apporter le bonheur, elles ne peuvent que redonner le moral. Espérons que celles-ci le feront.

En tout cas, ni LO ni la LCR ne sont des partis électoralistes, même s'ils se présentent aux élections. Car ils ne cherchent aucune place dans l'appareil d'État, qui ne peut être qu'au service de la bourgeoisie.

Les militants de LO et de la LCR militent essentiellement au sein des classes populaires et dans les luttes sociales car c'est seulement elles qui peuvent changer les choses. Nos organisations le font tout au long de l'année, pendant les élections comme en dehors des élections, et elles continueront à le faire à l'avenir.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 22 mars 2004

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