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Dans les entreprises
Carrefour Vénissieux (Rhône) : En grève pour les salaires
Depuis plusieurs mois, la colère grondait chez Carrefour à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. La suppression des heures de nuit dans certains rayons et l'absence de prime d'intéressement faisaient que les employés discutaient beaucoup entre eux de la baisse continue du pouvoir d'achat.
Une pétition avait été largement signée et les tracts syndicaux bien accueillis. La direction espérait certainement avoir calmé la volonté de se battre en ayant mis à pied pour trois jours le délégué syndical de la CGT.
Mais le mardi 9 mars, à l'appel d'une intersyndicale CGT-CFDT-CFTC, la grève a commencé dès 5 heures du matin. La plupart des employés des rayons étaient en grève, puis les caissières les ont rejoints massivement tout au long de la journée.
Pour tenir les caisses et remplir les rayons, la direction a dû faire appel à de nombreux cadres de la région lyonnaise. Autant dire que ceux-ci se sont fait copieusement huer toute la journée par les salariés grévistes.
Nos revendications portent essentiellement sur les salaires. A Carrefour, comme dans le reste de la grande distribution, ceux-ci sont très bas: ils tournent autour de 850 euros par mois pour les nouveaux embauchés à plein temps, sans perspective d'évolution car, depuis la réduction du temps de travail en 1999, la prime d'ancienneté a disparu et les classifications sont de moins en moins reconnues. Quant aux augmentations annuelles, elles sont depuis plus de dix ans en dessous de l'inflation. Et pourtant le groupe Carrefour affiche cette année encore un résultat net en progression de 16,6% (1620 millions d'euros) et l'ouverture de centaines de points de ventes partout dans le monde.
Outre les salaires, nous réclamons une prime exceptionnelle pour compenser l'absence de prime d'intéressement du magasin, l'augmentation du ticket de restaurant (à 2,59 euros depuis quinze ans) et du matériel pour travailler, car on en a assez de devoir pleurer pour obtenir scotch, stylos, cutters... sans parler des tire-palettes en nombre insuffisant.
Alors, toute la journée, les grévistes ont manifesté à l'entrée du magasin, mais aussi à l'intérieur. Le cortège était joyeux et animé par des slogans comme: "On n'est pas des 1er prix", "Dunand, on n'est pas des fainéants, on veut de l'argent" ou "Des sous pour nos salaires, pas pour les actionnaires". La solidarité des clients s'est manifestée: quand nous demandions qui a des petits salaires ou des petites retraites, beaucoup levaient la main avec les grévistes
La direction n'a pour l'instant rien voulu céder, si ce n'est une augmentation de 10% sur le ticket restaurant (0,14 euro par jour!) et la promesse de recenser le matériel nécessaire pour travailler.
Alors, devant cette direction qui n'a comme réponse que de nous envoyer la police et d'accuser une déléguée de vol, les salariés grévistes ont décidé de ne pas en rester là et de prévoir d'autres journées d'action, si possible en collaboration avec les autres Carrefour de la région.